« Vous lui avez même volé ses dernières volontés »: devant les assises de Chambéry, les proches d’Arthur Noyer ont rappelé jeudi soir sa mémoire et imploré l’accusé de ne plus leur mentir.
« Vous lui avez volé sa vie, à Arthur », ainsi que « ses deux dernières volontés », a lancé Cécile Maltet-Noyer, à Nordahl Lelandais, accusé du meurtre de son fils. Militaire, « il savait qu’il pouvait mourir. Il disait +donnez mon corps à la science+ et +je veux être incinéré+. Même ça, vous lui avez volé. »
Au quatrième jour du procès, après une série d’expertises qui restent muettes sur la cause certaine de la mort d’Arthur Noyer, en avril 2017, son père, sa mère, son frère et sa grand-mère se sont succédés à la barre pour interpeller Nordahl Lelandais. « Je pense que, quand on tue par accident, on a un minimum de culpabilité », a assené Mme Noyer.
« Vous avez tué Arthur; vous vous êtes débarrassé de son corps au fond d’un ravin et vous avez continué de vivre comme si de rien n’était », a-t-elle poursuivi. « J’ai entendu vos excuses du bout des lèvres. C’est certainement compliqué, mais c’est compliqué pour nous aussi. »
Dans le box, vétu d’une chemise noire et d’un jean, Nordahl Lelandais a affronté les regards, parcouru régulièrement par une émotion perceptible. « Quand j’entends lundi que la famille Lelandais a reçu des injures, » a dit ensuite à la barre Quentin, le frère d’Arthur, « qu’elle reçoit des messages de haine, je trouve ça injuste. Je trouve que les personnes qui font ça visent la mauvaise personne. La famille n’a rien avoir avec ça ».
« Deux familles dans la peine »
La mère et la demi-soeur de l’accusé étaient présentes à l’audience. Le père d’Arthur Noyer a raconté être allé vers la mère de Nordahl Lelandais pour la prendre dans ses bras. « C’était plus facile pour moi que pour elle de faire le pas », a expliqué Didier Noyer.
« Aujourd’hui ce sont deux familles qui sont dans la peine », a-t-il complété. « C’était notre capitaine », reprend Quentin à propos de son frère et de leur bande de copain de Bourges. « Il tenait la barre; il nous tirait toujours vers le haut. »
En fin d’audience, une femme aux cheveux blancs arrive à la barre. Le micro est abaissé. C’est l’une des grand-mères d’Arthur Noyer. A la fin d’une adresse à son petit-fils, d’un vif mouvement, elle se tourne vers l’accusé: « regardez-moi dans les yeux. Je voudrais que vous disiez la vérité. Vous nous avez enlevé un être si cher. »
Vendredi, Nordahl Lelandais doit être interrogé sur la nuit des faits.
AFP