Est-on pleinement consentante sexuellement à 11 ans ? La loi dit non, mais Lola croit le contraire. Quoi qu’il en soit, Omar, lui, aurait, dans le doute, mieux fait de s’abstenir.
Lola est une gamine de 11 ans qui, au moment des faits, joue encore avec ses copines dans la cour de l’école. Le soir, elle joue dans la cour des grands. Sur Badoo notamment, une application de rencontres pour adultes. Elle y rencontre Omar, un jeune Irakien de 21 ans. Un type banal, selon l’expert chargé de son expertise neuropsychiatrique, sans tendances pédophiles. Ils décident de se rencontrer à Oberkorn et ont une relation sexuelle.
Pour sa défense, Omar prétend que Lola lui aurait indiqué être âgée de 20 ans, mais s’être douté qu’elle était plus jeune. Mais pas si jeune. Pourtant, Lola dit lui avoir avoué son véritable âge avant leur rencontre. Omar est accusé de viol de mineure de moins de 14 ans, de lui avoir fait des propositions sexuelles, d’envoi d’images à caractère pornographique et de détention de matériel pédopornographique.
Le 30 avril 2019, deux jours après la première prise de contact, Omar et Lola se seraient promenés en forêt avant de s’installer dans la voiture du jeune homme. Elle l’aurait embrassé dans le cou, ils se seraient étreints et Lola aurait demandé à voir son sexe en érection sous son pantalon de jogging avant de lui prodiguer une fellation, se souvient Omar. Il n’aurait appris que plus tard qu’elle n’était âgée que de 11 ans. Le 3 mai 2019, Lola aurait envoyé une vidéo filmée par ses soins la montrant en plein acte sur Snapchat à ses camarades. L’original se serait trouvé sur son smartphone. Horrifiés, ils se confient à leurs instituteurs qui préviennent la police.
Lola aurait, de son propre aveu, bel et bien été consentante et à l’origine du rapport sexuel, a rapporté lundi, l’enquêteur du service de protection de la jeunesse de la police judiciaire à la barre de la 9e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Cela ne change cependant pas grand-chose à la situation, le code pénal fixant le consentement sexuel à l’âge de 16 ans.
D’autres images et messages à caractère sexuel échangés entre Omar et Lola auraient été retrouvés dans leurs smartphones. Sur une des photographies, les enquêteurs voient des chaussures rouges qu’ils avaient repérées lors d’une perquisition au domicile d’Omar. Un indice de taille de son implication, qui viendrait s’ajouter au fait que son smartphone aurait borné dans la région d’Oberkorn au moment des faits.
Une question d’âge
Omar aurait, dit-il, mis un terme à leurs échanges en raison du jeune âge de Lola. «Elle vous avait dit qu’elle était trop jeune pour avoir un rapport sexuel. C’est pour cette raison que vous avez arrêté de lui écrire», lui a rétorqué la présidente de la chambre criminelle.
Depuis les faits, Lola, petite brunette à la coupe de cheveux et au style boyish, aurait changé d’école. Elle n’aurait pas souhaité témoigner à la barre, mais assiste aux débats depuis le fond de la salle, indique son avocate qui demande la somme de 5 000 euros pour dommages moraux.
L’avocat du jeune homme a plaidé l’acquittement et mis en doute la probité et la crédibilité de Lola. Elle aurait changé de versions à plusieurs reprises, durant son interrogatoire par les enquêteurs, sur l’envoi des images pornographiques et pédopornographiques. En outre, Lola aurait eu des contacts avec une douzaine d’autres hommes sur Badoo. Elle leur aurait menti sur son âge et également envoyé des photographies d’elle «pour avoir plus de succès », aurait-elle expliqué à l’enquêteur.
Le représentant du ministère public a une tout autre appréciation des faits. Ce n’est pas parce que Lola affichait «un comportement hautement sexualisé» pour une fillette de onze ans et aurait cherché à entrer en contact avec des jeunes hommes sur plusieurs plateformes «qu’en tant qu’adulte, Omar n’avait pas pu prendre ses responsabilités et refuser d’entrer en contact avec elle». «Omar ne pouvait pas ignorer et aurait dû savoir qu’elle était mineure», a-t-il précisé. Cela ressortirait des conversations sur Snapchat et des photographies qu’elle lui a envoyées. Il a estimé que les quatre infractions retenues à son encontre étaient établies et devaient être retenues par les juges. Il a requis une peine de 6 ans de prison à l’encontre d’Omar.
Le prononcé est fixé au 16 décembre.
Sophie Kieffer
Et les parents ne savent pas ou traine la gamine, quand et comment… ???