Plus de 500 rebelles chiites yéménites ont été tués dans des combats avec les forces saoudiennes à la frontière entre les deux pays depuis le début le 26 mars d’une campagne aérienne arabe contre ces insurgés, ont annoncé samedi les autorités de Ryad.
Ce bilan n’a pu être confirmé dans l’immédiat, mais il témoigne des combats féroces qui se déroulent à la frontière saoudo-yéménite, parallèlement aux raids de la coalition arabe dirigée par le royaume saoudien sunnite contre les positions rebelles à travers le Yémen, ravagé par la guerre.
« Plus de 500 miliciens Houthis ont été tués dans les affrontements à la frontière depuis le début de l’opération Tempête décisive », a annoncé le porte-parole du ministère de la Défense dans un communiqué. Liés à l’Iran chiite, les Houthis contrôlent partiellement le nord du Yémen d’où ils lancent des attaques contre les troupes saoudiennes déployées massivement de l’autre côte de la frontière. Six militaires saoudiens ont péri dans les combats depuis le 26 mars, dont trois vendredi soir.
Partis à l’été 2014 de leur bastion de Saada (nord) et aidés par des militaires restés fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, les Houthis ont pris le contrôle de Sanaa, de régions du centre et de l’ouest du pays ainsi que de secteurs d’Aden, la capitale du sud, d’où s’est enfui en mars le président Abd Rabbo Mansour Hadi pour se réfugier en Arabie saoudite. Ce pays dirige une coalition de neuf pays arabes qui mène des frappes aériennes quotidiennes au Yémen pour empêcher les Houthis de prendre le contrôle de l’ensemble du territoire yéménite.
Aides humanitaires aux civils
Outre les frappes qui se sont intensifiées à Sanaa et dans d’autres provinces, les rebelles doivent faire face à la résistance sur le terrain, notamment à Aden, des « comités populaires », des supplétifs de l’armée qui soutiennent le président. Les combats entre rebelles et partisans de M. Hadi ont fait ces dernières 24 heures 50 morts dans et autour d’Aden, ville que les insurgés cherchent à conquérir, selon des sources concordantes.
Prise au piège des violences, la population civile manque de tout. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé l’arrivée à l’aéroport international d’une cargaison de 35,6 tonnes d’aide médicale et d’équipements de secours matériel pour purifier l’eau, générateurs de courant électrique, tentes. La veille, pour la première fois depuis le 26 mars, un premier avion du CICR a acheminé 16 tonnes de médicaments et d’instruments chirurgicaux. Un avion affrété par l’Unicef (Fonds de l’ONU chargé de l’enfance) a aussi atterri à Sanaa avec 16 tonnes de médicaments.
« Les premières cargaisons d’aide sont suffisantes pour répondre aux besoins urgents», a estimé la porte-parole du CICR au Yémen, Marie-Claire Feghali. «Mais si la guerre continue à ce rythme, nous aurons besoin de plus de moyens ». « Nous entreprenons des contacts avec toutes les parties sur le terrain afin de s’assurer un couloir (humanitaire) sûr» pour transporter les aides, a-t-elle dit. «Une première aide est déjà en route vers Aden ». L’ONU a demandé vendredi une « pause humanitaire immédiate » d’au moins « quelques heures » par jour pour acheminer plus facilement l’aide.
Intensification des raids
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), près de 650 personnes ont été tuées et plus de 2 000 blessées depuis l’escalade du conflit à la mi-mars. Mais les chiffres réels sont certainement plus élevés car nombre de corps ne sont pas envoyés dans les hôpitaux et sont directement enterrés. Faisant le point à Ryad sur l’opération « Tempête décisive », le porte-parole saoudien Ahmed Assiri a fait état de 1 200 frappes au total au Yémen depuis le 26 mars. Les raids ont commencé à une cadence quotidienne de 35, portée à 50, puis à 80 et finalement à 120, selon lui. Les capacités aériennes et balistiques des rebelles et de leurs alliés ont été « neutralisés ».
Les raids « vont se poursuivre », a-t-il dit. Pressé de questions sur une éventuelle intervention terrestre, il a répété laconiquement : « Au moment opportun, on passera à l’action au sol ». Interrogé à propos d’informations sur la capture par des combattants anti-rebelles de deux « officiers iraniens », il a indiqué n’avoir « pas de confirmation ». Mais le porte-parole a réitéré les accusations contre l’Iran. « Nous avons des preuves suffisantes selon lesquelles l’Iran soutient, arme et forme les miliciens » Houthis, a-t-il lancé. Alors que la France a apporté son soutien à M. Hadi, son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius est arrivé samedi à Ryad pour évoquer notamment la situation au Yémen.
AFP