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Yémen : l’offensive rebelle ralentie par les raids, Al-Qaïda profite du chaos


L’opération militaire arabe menée par l’Arabie saoudite a ralenti la progression des rebelles chiites au Yémen, mais, profitant du chaos, Al-Qaïda a pris le contrôle d’une importante base militaire dans le sud-est.

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Un membre des milices chiites Houthis, dans la ville de Taëz, dans le sud du Yémen, le 3 avril 2015. (Photo : AFP)

De son côté, le Conseil de sécurité de l’ONU va se réunir samedi pour discuter d’une proposition russe d’instaurer des « pauses humanitaires dans les frappes aériennes » au Yémen. En deux semaines, les combats au Yémen ont fait 519 morts et près de 1 700 blessés, avait indiqué jeudi la responsable des opérations humanitaires de l’ONU Valerie Amos, « extrêmement inquiète » pour la sécurité des civils.

Le royaume sunnite saoudien, qui partage une longue frontière avec le Yémen, a lancé le 26 mars avec plusieurs pays arabes l’opération « Tempête décisive » pour empêcher selon lui les rebelles chiites Houthis de prendre le pouvoir, et l’Iran d’étendre son influence dans la région.

Vendredi, au neuvième jour de l’opération, et sur fond de désorganisation des structures de l’Etat, Aqpa (Al-Qaïda dans la péninsule arabique), la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste sunnite, a procédé à une véritable démonstration de force en prenant, sans résistance selon des responsables, le quartier général de l’armée et le port de Moukalla (sud-est).

Des centaines de combattants sont déployés depuis jeudi dans ce chef-lieu de la province du Hadramout, où vivent plus de 200 000 habitants. Seuls l’aéroport et quelques camps militaires proches leur échappent encore, selon une source militaire. Dans l’après-midi vendredi, des jihadistes paradaient dans les rues et la population, effrayée, commençait à fuir.

La veille, Al-Qaïda avait libéré 300 détenus en donnant l’assaut à la prison centrale, et, selon des habitants, lancé depuis des mosquées des appels « au jihad contre les chiites », confirmant le risque d’une guerre confessionnelle dans ce pays pauvre de la péninsule arabique, où les combats ont fait plus de 500 morts en deux semaines.

Vendredi, deux gardes-frontières saoudiens ont été tués par des tirs en provenance du Yémen, portant à trois le nombre de gardes-frontières tués depuis mercredi. Ennemis jurés mais tous deux hostiles au pouvoir du président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi, les Houthis et Al-Qaïda s’étaient violemment affrontés au cours des derniers mois.

Ces deux entités « ont les mêmes objectifs (…) contre la population yéménite, contre la sécurité de la région et du monde », a réagi le porte-parole de la coalition, le général Ahmed Assiri, devant des journalistes.

> Recul des Houthis

Soumis à d’intenses bombardements nocturnes de la coalition à Aden (sud), la deuxième ville du Yémen, les rebelles houthis et leurs alliés, des militaires fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, ont dû battre en retraite du palais présidentiel qu’ils avaient pris la veille. Au sol, ils font face aux combattants des «Comités populaires», une force paramilitaire soutenant le président Hadi qui a dû quitter précipitamment son fief d’Aden fin mars pour se réfugier en Arabie saoudite.

Ce dernier a succédé en 2012 à M. Saleh, poussé au départ par une contestation populaire après plus de trois décennies au pouvoir. L’ex-président est soupçonné d’avoir aidé les rebelles, liés à l’Iran chiite, dans leur offensive lancée en septembre 2014 et qui leur a permis de s’emparer de vastes régions, dont la capitale Sanaa.

Le porte-parole de la coalition, le général Assiri, a affirmé que « les milices ont été défaites, et sont cantonnées dans certaines zones d’Aden (…) nous les isolons de tout soutien éventuel venu de l’extérieur ». La coalition a en outre procédé au parachutage près du port d’Aden de munitions et d’armes, dont des kalachnikovs, des fusils de snipers et du matériel de télécommunication, selon une source portuaire. Elle a précisé qu’un stock de vivres et de médicaments avait été acheminé par bateau.

Le général Assiri a confirmé le parachutage d' »un soutien logistique en tout genre ». Il a par ailleurs déclaré qu’il ne fallait pas « être pressé ». « Neuf jours, ce n’est pas si long », a-t-il dit, ajoutant que la coalition avait détruit jeudi « des équipements militaires et des missiles » stockés par les rebelles sur l’île de Myun, au milieu du détroit de Bab al-Mandeb.

Parallèlement, dans la province d’Abyane, 11 rebelles ont péri vendredi dans une embuscade tendue par des membres des Comités populaires près de Loder, selon des paramilitaires.

Des dissensions sont apparues au sein des forces armées ralliées aux rebelles. Des militaires de la 17e brigade d’infanterie, déployée près du détroit de Bab Al-Mandeb, « se sont rebellés contre leur commandant (…) qui s’est rallié cette semaine » aux Houthis, a déclaré un officier de cette unité, faisant état d’accrochages au sein de la brigade. Vendredi, pour la première fois, l’Egypte a évacué un groupe de 35 ressortissants du Yémen, où il resterait, selon des estimations non officielles, environ 5 000 Egyptiens.

AFP