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Yémen : grave crise humanitaire, vote à l’ONU sur des sanctions


Pénuries, exode et des centaines de morts. La situation devient intenable au Yémen où les organisations humanitaires ont appelé lundi les protagonistes à « réduire au maximum » la souffrance des civils dans l’opération menée par l’Arabie saoudite contre les rebelles chiites.

Le Conseil de sécurité doit de son côté se prononcer mardi matin sur un projet de résolution frappant notamment de sanctions le chef des Houthis et sommant les miliciens chiites de cesser les hostilités et d’abandonner le pouvoir « immédiatement et sans conditions ». Aden, la deuxième ville du pays, a vécu ses heures les plus violentes depuis le début le 26 mars de la campagne aérienne de la coalition arabe menée par Ryad qui entend empêcher les rebelles chiites Houthis de prendre le pouvoir au Yémen, son voisin.

Outre les victimes des frappes, au moins 30 personnes sont mortes dans la nuit de dimanche à lundi dans les combats entre Houthis et partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi. Les raids ont visé des barrages et des positions rebelles aux entrées de la cité portuaire, ainsi que le complexe présidentiel tenu par les rebelles, dernier refuge de M. Hadi avant sa fuite vers l’Arabie saoudite fin mars.

Après 19 jours de combats, la population d’Aden commence à manquer de tout, en premier lieu de nourriture, et de nombreuses familles ont choisi l’exil. « Les écoles, les universités et des entreprises publiques et privées ont fermé », explique un militant pro-Hadi, Metaz al-Maisouri. La population vit dans la peur. « Nous ne pouvons pas quitter notre domicile en raison des snipers », raconte Adwaa Moubarak, 48 ans. Les combats touchent de nombreuses régions. Au nord d’Aden, à Daleh, 43 personnes sont mortes depuis dimanche selon un responsable. Dans le sud-est du pays, des membres de tribus se sont approchés de l’unique terminal gazier du Yémen, à Balhaf, en prenant le contrôle de bases militaires chargées de protéger le port.

« Nombre alarmant »

Dans ce contexte, le personnel de Médecins sans frontières (MSF) connaît des difficultés pour se déplacer et accéder aux habitants, a précisé une de ses responsables. La crise est identique à Sanaa, la capitale yéménite aux mains des rebelles, selon la Croix-Rouge internationale. Face à la gravité de la situation dans le pays où des centaines de personnes ont péri dans le conflit, Human Rights Watch (HRW) a imploré la coalition arabe de prendre « les mesures nécessaires pour réduire au maximum la souffrance des civils ».

HRW lui a aussi demandé, ainsi qu’à Washington, d’enquêter sur des « violations présumées des règles en temps de guerre », dont le bombardement d’un camp de déplacés. « Le nombre alarmant de civils tués et la crise humanitaire devraient pousser la coalition et les Houthis à sérieusement considérer de protéger les civils », a dit Philippe Bolopion, de HRW. Interrogé sur une demande de l’ONU d’une pause humanitaire, le porte-parole de la coalition a rétorqué : « Nous les (Nations unies) prions de demander cela à ceux qui tuent des citoyens yéménites ». Il a accusé les rebelles de « compliquer le travail des équipes de secours ».

Aux Nations unies, justement, le Conseil de sécurité doit voter mardi sur un projet de résolution qui frappe de sanctions le chef des miliciens chiites Houthis et le fils de l’ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh. Selon ce projet, le Conseil imposerait aussi aux Houthis et à leurs alliés un embargo sur les armes et les somme de cesser les hostilités et d’abandonner le pouvoir « immédiatement et sans conditions ».

> Confrontation Ryad/Téhéran

Partis en septembre 2014 de leur fief de Saada (nord), les Houthis, liés à l’Iran, ont pris sur plusieurs mois le contrôle de Sanaa, de régions du centre et de l’ouest, ainsi que de portions du sud. M. Hadi a appelé à l’aide, qui est venue de la coalition arabo-sunnite. L’Arabie saoudite sunnite accuse l’Iran chiite, son rival, d’envoyer des armes aux rebelles, et Téhéran condamne la campagne aérienne qui « viole les lois internationales ».

M. Hadi a, dans une tribune publiée par le New York Times, estimé que les violences dans son pays étaient générées par «la soif de pouvoir de l’Iran» et appelé les rebelles au dialogue. Des centaines de personnes sont mortes à travers le pays, et des milliers ont été blessées depuis la mi-mars, selon l’ONU. Les pertes des Houthis et de leurs alliés, des militaires restés fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, restent largement inconnues.

A la frontière yéméno-saoudienne, où Ryad a renforcé ses troupes, ce sont des centaines de Houthis qui sont morts depuis le 26 mars selon les Saoudiens. En outre, des dizaines de milliers personnes ont été déplacés et des milliers d’étrangers ont été évacués du pays. Pas moins de 16 000 personnes sont dans l’incapacité de quitter le Yémen, selon l’Organisation internationale pour les migrations.

AFP