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Washington reste sous pression pour ralentir son retrait d’Afghanistan


Le général américain John Campbell (à droite), commandant des forces américaines en Afghanistan sur le départ, parle avec le chef de l'armée pakistanaise Raheel Sharif à Kaboul le 2 mars 2016. (Photo : AFP)

L’élimination du chef des talibans afghans par des drones américains est une bonne nouvelle pour l’administration Obama, mais celle-ci reste sous pression pour laisser des troupes plus longtemps que prévu en Afghanistan.

Cette frappe sans précédent, menée par des drones américains samedi au Pakistan, près de la frontière afghane, «montre qu’il n’y a qu’une seule option pour les talibans, qui est de poursuivre une résolution pacifique du conflit», s’est félicité lundi Mark Toner, porte-parole du département d’État. Considéré initialement comme favorable à des pourparlers de paix avec le gouvernement de Kaboul, le mollah Mansour, une fois devenu le chef des talibans, avait refusé régulièrement de venir à la table des négociations.

Les talibans «peuvent s’assoir avec le gouvernement afghan et commencer les négociations (…) Nous soutenons un processus mené par les Afghans eux-même», a ajouté le porte-parole. Mais malgré ces espoirs, la Maison Blanche reste sous pression pour, une nouvelle fois, décider d’un ralentissement du retrait des troupes américaines d’Afghanistan.

Et ce, malgré les promesses de campagne de Barack Obama, qui s’était engagé en 2008 à retirer les troupes d’Afghanistan. En octobre dernier, devant les avancées des talibans face aux forces afghanes, le président Obama s’était déjà résolu à annoncer qu’il laissait 9 800 soldats sur toute l’année 2016, au lieu du retrait progressif qui était prévu. Et depuis quelques mois, les militaires américains tirent discrètement la sonnette d’alarme, pour obtenir en 2017 plus d’hommes que les 5 500 déjà prévus. Il faudra encore «des années» pour mettre l’armée afghane à niveau, avait estimé en février devant le Congrès le général John Nicholson, nouveau commandant des forces américaines et de l’Otan en Afghanistan.

«Je pense qu’il a beaucoup de gens chez les militaires qui pensent que 5 ou 6 000 militaires est trop bas», a ainsi indiqué Anthony Cordesman, expert des questions militaires et stratégiques au CSIS, un des grands cercles de réflexion de Washington. «La plupart des militaires que je connais sont pour rester proches du niveau actuel» de 9 800 soldats, «plutôt que de baisser à 5 500 l’année prochaine» a indiqué également Michael O’Hanlon, expert militaire à la Brookings, autre grand cercle de réflexion de Washington, qui recommande de son côté de rester à 10 000 hommes.

Les militaires américains réclament également plus de latitude pour bombarder les talibans. Pour l’instant, les avions américains n’ont pas le droit de voler au secours des forces afghanes lorsqu’elles sont en difficulté. Ils ne peuvent intervenir que lorsque des forces américaines ou des forces de l’Otan sont menacées.

Décision avant l’été

Et le calendrier se fait pressant. Si les États-Unis décident finalement de laisser plus d’hommes que prévu en 2017 en Afghanistan, il faut qu’ils prennent leur décision d’ici l’été, pour que les alliés de l’Otan puissent à leur tour prendre les décisions nécessaires à temps, avait prévenu en février le général américain John Campbell, qui commandait à l’époque les forces de l’Otan dans le pays. Dès sa prise de fonction en mars, son successeur le général John Nicholson a été chargé par l’administration Obama de rendre son évaluation d’ici le début juin.

Il a rencontré la semaine dernière à Bruxelles les chefs d’états-majors des pays de l’Otan pour faire le point, mais rien n’a filtré sur son diagnostic et ses préconisations. Pour Anthony Cordesman, critique régulier des choix militaires de l’administration Obama, il est impossible de prévoir comment le président tranchera, entre un nouveau renforcement contraire à ses promesses de campagne, ou un statu quo qui risque d’hypothéquer l’avenir du gouvernement afghan.

D’un côté «il ne voudra pas être considéré comme un président qui a privé d’options son successeur», en laissant un dispositif militaire affaibli et débordé en Afghanistan. «Mais de l’autre, c’est un président qui soupèse les options presque indéfiniment», a-t-il soupiré. Les forces américaines comptent encore 9 800 soldats en Afghanistan, en principe cantonnés à des missions de conseil et de soutien aux forces afghanes.

Les soldats américains font aussi des missions de combat contre Al Qaïda et le groupe État islamique. Les forces américaines sont présentes en Afghanistan depuis 2001.

Le Quotidien/AFP