Les Etats-Unis ont tourné mardi la page de leurs relations acrimonieuses avec l’Allemagne sous Trump en annonçant le déploiement de troupes supplémentaires dans le pays et en mettant en sourdine le différend autour du gazoduc Nord Stream.
Pour sa première visite en Allemagne, le nouveau secrétaire américain à la Défense, Llyod Austin, n’est pas venu les mains vides.
« Aujourd’hui, je suis heureux d’annoncer que nous allons augmenter la présence des forces américaines en Allemagne », a-t-il déclaré aux côtés de son homologue allemande, Annegret Kramp-Karrenbauer.
« J’ai informé la ministre (allemande) de notre intention de poster en permanence environ 500 militaires américains supplémentaires dans la région de Wiesbaden dès cet automne », a détaillé le premier chef afro-américain du Pentagone.
« Signe très fort »
Cette annonce rompt avec la présidence de Donald Trump au cours de laquelle il n’avait de cesse de critiquer le manque d’implication financière de l’Allemagne pour sa sécurité et au sein de l’Otan.
« C’est une excellente nouvelle que non seulement le président (Joe) Biden ait annoncé que les plans de retrait étaient abandonnés, mais qu’au contraire, ces troupes ici en Allemagne soient renforcées », a salué en retour la ministre allemande qui y voit « un signe très fort d’unité ».
L’ancien président avait même entrepris de réduire la présence militaire américaine en Allemagne, pourtant pilier de la défense de l’Otan depuis la Seconde guerre mondiale. Une annonce qui avait suscité un choc en Allemagne.
M. Trump, qui reprochait à l’Allemagne de ne pas suffisamment participer au budget de l’Otan et de ne pas financer sa propre défense, avait décidé sans concertation en juillet 2020 de redéployer hors d’Allemagne environ 12.000 soldats.
Plusieurs villes, comme Grafenwöhr (Bavière), la principale base américaine en Europe où Elvis Presley donna un concert pendant son service militaire, dépendent en effet de la présence de milliers de soldats pour faire tourner leur économie.
Les Américains s’y sont installés après la défaite du IIIe Reich.
Mais depuis la fin de la Guerre froide, leur présence a diminué. Dans toute l’Allemagne, elle est passée de quelque 200.000 soldats en 1990 à 34.500 aujourd’hui.
Les visées de M. Trump avaient d’autant plus surpris que les Américains ont lourdement investi ces dernières années pour moderniser leurs bases, d’où les soldats sont envoyés en mission en Irak ou Afghanistan.
Les armées de pays membres de l’Otan s’y entraînent aussi régulièrement.
Menace de sanctions
Cette annonce apporte une nouvelle preuve du réchauffement des relations entre les Etats-Unis et l’Allemagne, pressée de tourner la page Trump.
Malgré ses lointaines origines allemandes, M. Trump avait en effet fait depuis 2016 de Berlin un de ses boucs-émissaires favoris, accusé aussi d’écouler trop de voitures aux Etats-Unis ou d’acheter son gaz à la Russie.
Le secrétaire américain à la Défense a ainsi promis que l’Allemagne « continuerait à être un partenaire important en matière de sécurité et d’économie » des États-Unis « dans les années à venir ».
« C’est pourquoi le renforcement de nos relations avec l’Allemagne est une priorité absolue de l’administration Biden-Harris », a-t-il déclaré.
Le projet controversé Nord Stream 2 de gazoduc entre la Russie et l’Allemagne, en voie d’achèvement et auquel les Etats-unis sont opposés, ne devrait ainsi plus ternir cette relation.
« Nous avons exprimé notre opposition à cet accord et à l’influence qu’il confère à la Russie. Mais nous ne laisserons pas cette question se mettre en travers de la formidable relation que nous avons avec l’Allemagne », a promis M. Austin, général de l’armée de Terre à la retraite.
Le nouveau gouvernement démocrate a toutefois averti ces dernières semaines que « toutes les entités impliquées » dans la construction du gazoduc, dont de nombreuses entreprises allemandes, seraient sanctionnées par les Etats-Unis si elles ne se désengageaient pas « immédiatement » du projet.
AFP