Les États-Unis ont appelé lundi l’Arabie saoudite à « démanteler » l’unité d’élite saoudienne proche du prince héritier, déjà sanctionnée, pour son rôle dans l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
« Nous exhortons l’Arabie saoudite à démanteler ce groupe et à adopter des réformes institutionnelles systémiques ainsi que des mécanismes de contrôle pour faire en sorte que les activités et opérations contre les dissidents cessent, et cessent totalement », a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price devant la presse.
Dans un rapport déclassifié du renseignement américain publié vendredi, les États-Unis accusent le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane d’avoir « validé » l’assassinat du journaliste saoudien en 2018.
Pas de sanction contre MBS
Mais ils n’ont pas sanctionné le jeune dirigeant pour éviter une rupture dans les relations avec Riyad.
Washington a en revanche pris des sanctions contre des proches du prince et contre la Force d’intervention rapide (surnommée «l’escadron du Tigre»), une unité d’élite chargée de sa protection, accusée d’être largement impliquée dans le meurtre.
Face aux critiques pour l’absence de mesures punitives visant Mohammed ben Salmane dit MBS, l’administration de Joe Biden a assuré vouloir « recalibrer » les relations avec l’Arabie saoudite pour éviter qu’un tel meurtre puisse se reproduire.
Ned Price a aussi appelé les autorités saoudiennes à aller plus loin sur les droits humains.
« Nous exhortons l’Arabie saoudite à prendre des mesures supplémentaires pour lever l’interdiction de voyage » qui cloue sur place des militants récemment libérés, a-t-il dit.
AFP
Meurtre Khashoggi : RSF annonce une plainte en Allemagne contre le prince héritier saoudien
Reporters sans frontières a annoncé mardi le dépôt d’une plainte en Allemagne pour crimes contre l’humanité visant notamment le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane, l’ONG dénonçant sa « responsabilité » dans l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi et l’emprisonnement d’une trentaine de ses confrères.
Déposée lundi « auprès du procureur général de la Cour fédérale de justice de Karlsruhe » en raison de sa compétence « sur les principaux crimes internationaux », la plainte « porte sur la persécution généralisée et systématique des journalistes en Arabie saoudite » et cible, outre le prince héritier, quatre autres hauts responsables saoudiens, a précisé RSF dans un communiqué. Aux côtés du dirigeant de facto du royaume, « soupçonné d’avoir directement commandité l’assassinat » de Jamal Khashoggi, RSF attaque ainsi son ex-« proche conseiller » Saoud al-Qahtani, l' »ancien directeur adjoint du renseignement » Ahmed al-Assiri, mais aussi Mohammed Al-Otaibi, ancien consul général à Istanbul, et Maher Mutreb, « officier du renseignement » à la tête de « l’équipe qui a torturé et tué » le chroniqueur du Washington Post.
Consultée par l’AFP, la plainte, inédite, également déposée contre X, détaille par ailleurs les exactions commises contre 34 journalistes emprisonnés dans le royaume, dont 33 sont toujours en détention, à l’instar du blogueur Raif Badawi.