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Vladimir Poutine teste déjà le nouveau président ukrainien


Cette décision est considérée par beaucoup d'observateurs à Kiev comme une tentative de Moscou de "tester la résistance" de Volodymyr Zelensky. (photo AFP)

Vladimir Poutine a simplifié mercredi l’octroi de la nationalité russe aux habitants des régions séparatistes de l’Ukraine, une mesure dénoncée par Kiev et le nouveau président Volodymyr Zelensky, qui a demandé un renforcement des sanctions contre Moscou.

D’après ce décret dont l’entrée en vigueur est « immédiate », une procédure simplifiée permettra aux habitants des régions ukrainiennes de Donetsk et de Lougansk, où une guerre entre des séparatistes pro-russes et les forces ukrainiennes a fait près de 13000 morts en cinq ans, de recevoir un passeport russe « dans les trois mois » après leur demande. Selon ce décret, seuls les habitants de « certaines parties » des deux régions ukrainiennes sont concernés, sans plus de détails, mais il ne fait guère de doute que la mesure concerne les républiques autoproclamées de Donetsk (DNR) et Lougansk (LNR), régions rebelles pro-russes qui échappent au contrôle de l’Ukraine.

À Kiev, cette mesure a été unanimement dénoncée alors que le pays vient d’élire à sa tête Volodymyr Zelensky, un comédien novice en politique qui a promis d’être plus à l’écoute des habitants de l’est de l’Ukraine et veut y « relancer » le processus de paix.

Volodymyr Zelensky a lui-même critiqué cette mesure, son équipe appelant dans un communiqué la communauté internationale à « un renforcement de la pression diplomatique et des sanctions contre la Russie ». Cette décision « est une nouvelle confirmation du vrai rôle de la Russie en tant qu’État agresseur », a-t-il ajouté.

D’une même voix, le président sortant, Petro Porochenko, qui quittera son poste après l’investiture de son successeur d’ici début juin, a également appelé à renforcer les sanctions contre Moscou.

Cette décision est considérée par beaucoup d’observateurs à Kiev comme une tentative de Moscou de « tester la résistance » de Volodymyr Zelensky.

Le calendrier de cette mesure interroge

« Nous n’avons aucune intention de créer des problèmes au nouveau pouvoir ukrainien mais supporter une situation où les gens vivant sur les territoires de ces républiques de Donetsk et Lougansk sont privés de droit, c’est déjà aller au-delà des limites des droits de l’Homme », a lui commenté Vladimir Poutine. « Ils ne peuvent pas se déplacer normalement, ils ne disposent pas des droits les plus élémentaires. C’est purement une question à caractère humanitaire », a-t-il ajouté, interrogé sur le sujet lors d’une réunion à Saint-Pétersbourg (nord-ouest).

Mais le calendrier de cette mesure interroge : Vladimir Poutine a signé ce décret à peine 24 heures après l’officialisation par la Commission électorale ukrainienne de la victoire de Volodymyr Zelensky au deuxième tour de l’élection présidentielle du 21 avril. « Pourquoi Poutine a fait ça maintenant? Il attend toujours un moment d’incertitude et une période transitoire pour planter un nouveau coup de poignard dans le dos de l’Ukraine », a réagi mercredi la vice-présidente du Parlement, Irina Gerachtchenko.

Le chef de la diplomatie ukrainienne, Pavlo Klimkine, a lui appelé les habitants de ces régions à ne pas accepter de passeport russe. « La Russie vous a privé du présent, et maintenant, elle va porter atteinte à votre avenir », a-t-il déclaré sur Twitter. L’ambassadeur ukrainien aux Nations unies, Volodymyr Yelchenko, a de son côté annoncé avoir « contacté le Conseil de sécurité de l’ONU » car cette mesure va « à l’encontre des accords de paix de Minsk » négociés sous l’égide de Berlin, Paris, Kiev et Moscou.

AFP