Caracas a suspendu pour 90 jours les opérations de la compagnie aérienne portugaise TAP vers le Venezuela, lui reprochant d’avoir permis à un proche de l’opposant Juan Guaido d’emporter des explosifs à bord d’un avion, ont annoncé les autorités.
« Etant donné les graves irrégularités commises durant le vol TP173 et en conformité avec les normes de l’aviation civile nationale, les opérations de la ligne aérienne TAP vers notre territoire sont suspendues pour 90 jours », a indiqué sur Twitter le ministre des Transports du Venezuela, Hipolito Abreu. Peu avant, dans une déclaration à la presse, le ministre avait expliqué que les autorités avaient ouvert « une procédure administrative » contre la TAP, qui pourrait déboucher sur une « amende », une « suspension » temporaire, voire « une suspension permanente ». Juan Marquez, oncle de l’opposant Juan Guaido qui voyageait en compagnie de son neveu de retour d’une tournée internationale aux Etats-Unis et en Europe, a été arrêté mardi à son arrivée au Venezuela car il portait des explosifs dissimulés dans divers objets, a affirmé le président de l’Assemblée constituante vénézuélienne Diosdado Cabello, considéré comme le numéro deux du régime.
Le Portugal a réagi avec virulence à la décision du régime de Caracas de suspendre les opérations de sa compagnie aérienne TAP au Venezuela, un geste considéré par Lisbonne comme « inadmissible » et « inamical ». « Tout cela est inacceptable, incompréhensible et inadmissible », a déclaré aux médias le président Marcelo Rebelo de Sousa, faisant part de la « stupéfaction » des autorités portugaises devant « les attaques lancées d’abord contre la TAP mais aussi contre le Portugal et ses responsables ». « C’est un acte inamical envers le Portugal, un pays marqué par l’équilibre et sa capacité à parler avec tout le monde », a souligné le ministre portugais des Affaires étrangères, Augusto Santos Silva.
Cabello a accusé la TAP d’avoir violé les « normes internationales » en permettant à Marquez « d’emporter des explosifs » et de plus en occultant l’identité de Juan Guaido, reconnu comme président par intérim du Venezuela par près de soixante pays dont le Portugal, sur la liste des passagers. « La TAP ne comprend pas les raisons de cette suspension », a réagi la compagnie en se disant lésée par une mesure qui porte préjudice à ses passagers et en regrettant de ne pas avoir eu l’occasion de se défendre. Alors que la communauté d’émigrés portugais au Venezuela représente 300.000 à 400.000 personnes, la TAP est une des rares compagnies étrangères à maintenir ses opérations dans le pays que la plupart de ses concurrentes a commencé à fuir dès 2013, quand le prix du pétrole –source de 96% des devises du pays– s’est mis à chuter.