A l’unisson de la planète, l’Allemagne se préparait mardi à prolonger et durcir les mesures pour endiguer le coronavirus, alors que de nombreux pays, européens et Etats-Unis en tête, promettent d’accélérer les vaccinations.
La chancelière Angela Merkel doit se concerter dans l’après-midi avec les dirigeants des 16 Etats régionaux en vue d’un nouveau tour de vis.
La réunion a été avancée en raison des craintes liées aux mutations du virus et de statistiques inquiétantes sur les contaminations, malgré la fermeture des écoles et des commerces « non-essentiels » depuis un mois.
Quant à la campagne vaccinale, organisée en un temps record fin décembre, les critiques fusent désormais face à la lenteur supposée de sa mise en oeuvre, avec 1,4% de la population allemande vaccinée à ce jour.
L’Allemagne, les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont les pays qui ont enregistré le plus de nouveaux décès dans leurs derniers bilans quotidiens, avec respectivement 989, 1.385 et 599 nouveaux morts.
Masque fédéral
La pandémie a fait au moins 2.041.289 morts dans le monde depuis son apparition en Chine fin décembre 2019, selon un bilan établi par l’AFP mardi.
Près de 95,5 millions d’infections ont été officiellement diagnostiquées et l’apparition de nouveaux variants du virus, plus contagieux, fait craindre le pire.
Les États-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts (399.003) que de cas (plus de 24 millions), selon le comptage de l’université Johns Hopkins.
A 24 heures de son entrée à la Maison Blanche, Joe Biden se préparait mardi à lancer son propre agenda contre le Covid-19 aux Etats-Unis, avec plus de restrictions que le toujours défiant président sortant Donald Trump.
Le futur 46e président des Etats-Unis a déjà annoncé qu’il prendrait, dès mercredi, un décret pour rendre obligatoire le port du masque dans les locaux et espaces dépendant de l’Etat fédéral, ainsi que lors des déplacements entre Etats, ce que Donald Trump s’était toujours refusé à faire.
Il a promis une accélération de la campagne américaine de vaccination, débutée à la mi-décembre mais qui avance bien plus lentement que prévu, avec aujourd’hui seules dix millions de personnes qui ont reçu une première injection.
Bouchon judiciaire
A ce jour, selon un décompte de l’AFP, au moins 60 pays ou territoires, regroupant 61% de la population mondiale, ont lancé leur campagne de vaccination. Mais 11 pays concentrent 90% des doses injectées.
Le patron de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a d’ailleurs averti que le monde ferait face à un « échec moral catastrophique » si les pays riches accaparaient les vaccins au détriment des pays pauvres.
Inde, Brésil Russie… les campagnes massives se lancent ou se poursuivent un peu partout dans le monde, avec des fortunes diverses, toujours d’énormes contraintes logistiques, et l’inévitable défiance des sceptiques, voire des anti-vaccins.
En Europe, le Royaume-Uni, frappé par un variant du virus jusqu’à 70% plus contagieux selon les autorités sanitaires, a ouvert sa campagne aux plus de 70 ans. Une personne sur huit en Angleterre avait été infectée par le nouveau coronavirus en décembre, une nette augmentation par rapport au mois précédent (1 sur 11).
Le patronat britannique a pressé le gouvernement d’aider davantage et sans tarder les entreprises menacées par la crise sanitaire, en plaidant pour une extension du chômage partiel et des coups de pouce fiscaux. Tandis que le pays connaît un embouteillage judiciaire « sans précédent » du fait notamment de la pandémie, avec des centaines de milliers de procès en attente en Angleterre et au Pays de Galles.
En France, les injections concernent depuis lundi les plus de 75 ans, alors qu’elles étaient jusqu’alors réservées aux résidents de maisons de retraite et aux soignants.
L’épidémie y a réduit de plusieurs mois l’espérance de vie, a indiqué mardi l’Institut national de la statistique (Insee) dans son bilan démographique 2020.
En Italie, l’idée de distribuer les doses de vaccins en fonction de la richesse produite par un territoire, avancée par une responsable de la Lombardie, poumon industriel et financier de la péninsule, a soulevé un tollé.
Quant au nouveau variant du coronavirus identifié en Afrique du Sud en octobre, désormais prédominant dans le pays, il n’est pas plus mortel mais 1,5 fois plus contagieux, selon les autorités.
La capitale du Rwanda, Kigali, est à nouveau confinée depuis mardi en raison d’une augmentation des infections.
OMS : une invitation svp
Selon les experts d’un groupe indépendant mandaté par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il « aurait été possible d’agir plus vite sur la base des premiers signes » en janvier 2020.
« (…) La Chine a pris des décisions rapides et décisives », a assuré le ministère chinois des Affaires étrangères, reconnaissant que « nous devons bien sûr nous évertuer à faire mieux », comme « tout autre pays ».
Selon ce même rapport d’experts, la pandémie a mis à nu les fragilités de l’OMS: une institution dotée de moyens insuffisants et d’un « pouvoir limité » face aux Etats.
« En fin de compte, l’OMS n’a pas le pouvoir de faire respecter quoi que ce soit ou d’enquêter » de son propre chef dans un pays. « En cas d’apparition de maladie nouvelle, la seule chose que l’OMS peut faire c’est de demander à être invitée et d’espérer l’être », selon ce groupe.
Une autre équipe d’experts de l’OMS se trouve par ailleurs actuellement en Chine, pour tenter de remonter aux origines du Covid-19, dès que sera écoulée la quarantaine de deux semaines à laquelle sont soumis ses membres.
La Chine, justement, a confiné lundi environ trois millions d’habitants supplémentaires dans le nord-est du pays, après de nouveaux cas.
A 300 km au sud de Pékin, à Shijiazhuang, chef-lieu de la province du Hebei (nord), des centaines d’ouvriers construisent 24 heures sur 24 un énorme centre de quarantaine géant. Des images qui rappellent la construction d’un immense hôpital début 2020 à Wuhan.
En Australie, deux premiers cas de Covid-19 ont été enregistrés mardi parmi les joueurs de l’Open de tennis censé débuter le 8 février à Melbourne, alors que les critiques et l’inquiétude montent sur la tenue de la compétition.
Enfin au Sri-Lanka, une prétendue potion « miracle » contre le coronavirus, concoctée par un sage auto-proclamé, a tourné au vinaigre après qu’un ministre, qui en avait consommé publiquement, a dû être hospitalisé, malade du Covid-19.
AFP