L’Inde continue de s’enfoncer dans une crise sanitaire majeure, après avoir battu jeudi un record mondial de près de 315 000 nouveaux cas de Covid-19 en 24 heures, en raison notamment d’un variant « indien » dont la première détection en Belgique inquiète l’Europe, désormais orientée vers l’allégement des restrictions.
Vingt étudiants indiens d’un groupe de 43, arrivés mi-avril en Belgique via l’aéroport parisien de Roissy, ont été testés positifs à ce nouveau variant, déjà identifié au Royaume-Uni, puis placés en quarantaine. Et ce alors que les pays européens s’apprêtent à alléger les restrictions en vigueur à la faveur d’une fragile décrue de la pandémie.
En Inde, la recrudescence exponentielle des cas, avec près de 3,5 millions de nouvelles contaminations depuis début avril, est notamment imputée à une « double mutation » du virus et à des événements de masse, comme la fête religieuse hindoue Khumb Mela. Confrontés à une pénurie d’oxygène, plusieurs hôpitaux et cliniques de New Delhi, confinée pendant une semaine, ont lancé un appel au gouvernement central pour qu’il fournisse d’urgence des réserves afin d’alimenter des centaines de patients placés sous respirateur. Vingt-deux malades sont morts dans un hôpital, en raison d’une coupure d’alimentation en oxygène de respirateurs pendant une demi-heure.
Le ministère de la Santé a fait état jeudi de 314 835 nouvelles contaminations, un bilan quotidien qu’aucun pays au monde n’avait jusqu’alors enregistré. Avec 15,9 millions de cas depuis le début de la pandémie, l’Inde est le deuxième pays le plus touché en nombre de cas devant les 14,12 millions enregistrés au Brésil, désormais sur un plateau très élevé à environ 2 500 décès quotidiens, après plusieurs mois de hausse vertigineuse des décès et des contaminations. Mais le Brésil, 212 millions d’habitants, déplore quelque 381 000 morts, soit deux fois plus que l’Inde (1,3 milliard d’habitants).
Les États-Unis déconseillent désormais les voyages en Inde, même pour les personnes entièrement vaccinées. Le Canada a quant à lui décidé de suspendre pendant 30 jours dès vendredi les vols en provenance d’Inde et du Pakistan. Le Royaume-Uni a interdit d’entrée les voyageurs arrivant d’Inde et la France leur impose un isolement obligatoire de dix jours.
La pandémie du coronavirus a fait au moins 3 060 859 morts dans le monde depuis que le bureau de l’OMS en Chine a fait état de l’apparition de la maladie fin décembre 2019, selon un bilan établi à partir de sources officielles jeudi.
Perspectives économiques sombres
Mais les campagnes de vaccination commencent à porter leurs fruits, comme aux États-Unis où le président Joe Biden a salué mercredi l’ « incroyable réussite » que constitue l’injection de 200 millions de doses de vaccins anti-Covid avant le centième jour de son mandat. Et l’autorité américaine de santé devrait statuer vendredi sur l’utilisation du vaccin Johnson&Johnson, actuellement suspendu aux États-Unis après l’apparition de rares cas graves de caillots sanguins.
Si la vaccination est plus lente sur le Vieux continent, l’Allemagne a annoncé jeudi qu’elle prévoyait un accès aux vaccins pour tous les adultes au plus tard en juin. Berlin envisage d’acheter 30 millions de doses du vaccin russe anti-Covid Spoutnik, qui n’a pas encore reçu le feu vert de l’Europe.
Le régulateur britannique a de son côté annoncé jeudi avoir recensé 168 cas majeurs de caillots sanguins au Royaume-Uni chez des patients ayant reçu le vaccin AstraZeneca, dont 32 mortels, pour plus de 21,2 millions de premières doses administrées, mais estime que « les bénéfices du vaccin l’emportent toujours sur les risques chez la majorité des personnes ». La plupart des cas de caillots sanguins ont été signalés en Grande Bretagne et dans l’Union européenne, tandis que « très peu » ont été rapportés dans d’autres pays, ont noté jeudi les experts en vaccins de l’Organisation mondiale de la santé. Ils demandent ainsi davantage de données sur leur incidence chez les personnes ayant reçu le vaccin d’AstraZeneca hors d’Europe afin de pouvoir estimer le risque.
Face à une fragile décrue de l’épidémie, les pays européens commencent à alléger les restrictions. En Italie, dès le 26 avril, les restaurants seront autorisés à ouvrir au public à déjeuner, et aussi à dîner pour la première fois depuis fin octobre, mais seulement en plein air et dans les régions classées « jaune », présentant le risque de contagion le plus faible. Les cinémas, théâtres et salles de concert pourront aussi rouvrir lundi prochain, en respectant la distanciation et en restant en dessous de 50% de leur capacité maximale, tandis que les écoles, collèges et universités donneront la priorité aux cours en présentiel.
En France, un assouplissement progressif des mesures va commencer le 3 mai. L’interdiction de se déplacer à plus de dix kilomètres de son domicile sera levée. La réouverture des commerces non-essentiels devrait avoir lieu « autour de la mi-mai ».
En Grèce, les terrasses des bars et des restaurants rouvriront le 3 mai, mais les déplacements entre régions seront interdits pour les fêtes de Pâques, célébrées le 2 mai par les orthodoxes.
En revanche, les perspectives économiques à court terme « restent assombries par l’incertitude » dans la zone euro en raison de la persistance de la pandémie, a estimé jeudi la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde.
LQ/AFP