La majeure partie des pays européens reste « vulnérable » face au Covid-19, a mis en garde l’OMS, inquiète du « faux sentiment de sécurité » créé par les campagnes de vaccination en cours sur la planète, où plus 151 millions de doses ont été administrées à ce jour dans une centaine de pays.
« L’écrasante majorité des pays européens reste vulnérable », a estimé jeudi le directeur Europe de l’OMS, Hans Kluge, pour qui « à l’heure actuelle, la frontière est mince entre l’espoir » suscité par les vaccins et un faux sentiment de sécurité ». La pandémie du coronavirus a fait plus de 2,35 millions de morts dans le monde depuis fin décembre 2019, selon un dernier bilan établi jeudi par l’AFP à partir de sources officielles.
L’UE, qui a franchi mardi le seuil symbolique des 500 000 décès, a vu toutefois la tendance s’améliorer depuis quelques jours, avec 16 % de cas en moins sur la semaine du 3 au 9 février, et une mortalité quotidienne en baisse également (-7 %). L’OMS a constaté la même tendance, sur les quatre dernières semaines pour le nombre de cas, et depuis deux semaines pour les décès. Les données de l’organisation onusiennes montrent toutefois que seuls 1,5 % de la population dans 29 pays européens a été vaccinée.
Dans le monde, plus de 155,7 millions de doses de vaccins antiCovid ont été administrées dans 91 pays ou territoires, selon un comptage réalisé par l’AFP. Israël arrive en tête, en proportion de vaccinés par rapport à sa population (42 %). Les pays riches de la planète concentrent près de six doses injectées sur dix (59 %), alors qu’ils n’hébergent que 16 % de la population mondiale.
Cet « accès inéquitable aux vaccins peut se retourner contre nous », a mis une nouvelle fois en garde l’OMS jeudi: « plus le virus persiste, plus le risque de mutations dangereuses est grand ».
2020 année en or
Année de la pandémie planétaire, 2020 fut aussi celle des bénéfices records pour le laboratoire britannique Astrazeneca, l’un des grands groupes pharmaceutiques en pointe dans la vaccination.
Le groupe a publié jeudi un bénéfice net de 3,2 milliards de dollars, qui a plus que doublé en une année, et des ventes en augmentation de 9%, à 26,6 milliards de dollars par an, tirées notamment par la forte demande de médicaments contre les troubles générés par le virus, comme l’asthme par exemple.
Associé à l’université d’Oxford, AstraZeneca est l’un des premiers laboratoires à avoir mis au point un vaccin contre le Covid-19, autorisé en urgence en décembre en Grande-Bretagne, puis dans la foulée par de nombreux pays dans le monde et l’Union européenne. Le sérum miracle a valu au laboratoire d’être initialement salué par la communauté internationale.
Mais des retards de livraison en Europe et des doutes sur son efficacité – chez les personnes âgées et contre les variants du virus – ont créé la polémique. Sur les retards de livraison, AstraZeneca s’est engagé ce jeudi « à l’accès de 170 millions de doses de vaccin dans 190 pays ». Quant aux doutes sur son efficacité, l’OMS a finalement jugé mercredi que le vaccin d’AstraZeneca pouvait être administré aux plus de 65 ans, et dans les pays où circulent des variants, en particulier les variants britanniques et sud-africains identifiés comme plus contagieux. Malgré ces assurances, l’Afrique du Sud s’est dite prête à revendre ou échanger un million de doses d’AstraZeneca, écarté au profit du vaccin de Johnson & Johnson.
Pour tenter d’y voir plus clair, l’Agence européenne du médicament (EMA) a annoncé mercredi avoir demandé à tous les développeurs de vaccins d’évaluer si leur produit est efficace contre les nouvelles mutations du coronavirus.
Jusqu’à Pâques
L’UE a par ailleurs affirmé vouloir muscler sa production de vaccins, reconnaissant avoir été « sans doute trop confiante sur la livraison en temps voulu des doses commandées », selon la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
La chancelière allemande Angela Merkel a annoncé mercredi soir la prolongation jusqu’au 7 mars de la plupart des restrictions en place dans le pays. La Grèce va durcir à partir de jeudi son confinement national. Le confinement en Irlande sera étendu jusqu’à début avril, sans doute jusqu’à Pâques.
Aux États-Unis, le débat se poursuit sur le gigantesque plan d’urgence de 1 900 milliards de dollars proposé par le président Joe Biden pour aider les PME et les ménages les plus vulnérables. Les Américains pourront dès jeudi se faire vacciner dans les pharmacies du pays. Dans l’Etat de New York, les grandes salles de spectacle et les stades pourraient partiellement rouvrir à partir du 23 février, une première après presque un an de fermeture.
Au Japon, pays hôte des JO l’été prochain, la campagne vaccinale commencera la semaine prochaine, mais les autorités travaillent d’arrache-pied pour se procurer des seringues adaptées. En Russie, ce sont quelque 1,7 million de personnes qui ont été vaccinées, le pays ayant franchi le cap des quatre millions d’infections mercredi. Le Moyen-Orient a pour sa part franchi la barre des 100 000 morts des suites du Covid-19, selon le dernier comptage AFP.
AFP/LQ