Épicentre de l’épidémie de coronavirus en Europe ces derniers jours, le Portugal a fait appel à l’aide internationale pour soulager des hôpitaux saturés mais, selon plusieurs experts, le pays était mardi sur le point d’atteindre le pic de cette troisième vague.
Une fois le seuil des 300 morts en 24 heures dépassé, les images d’ambulances faisant la queue pendant des heures devant le plus grand hôpital de Lisbonne ont poussé le gouvernement à demander de l’aide. Après « plusieurs contacts bilatéraux », l’exécutif socialiste a confirmé lundi soir avoir accepté « l’offre de coopération du gouvernement allemand pour renforcer la réponse au Covid-19 ».
La ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, avait alors déjà annoncé l’envoi mercredi de huit médecins et de personnel soignant qualifié, ainsi que de quelque 150 appareils de perfusion et 150 lits médicaux. Le chancelier autrichien Sebastian Kurz avait indiqué ce week-end que son pays était prêt à accueillir des malades en soins intensifs et, depuis l’Espagne voisine, la région frontalière de l’Estrémadure a également fait part mardi de sa volonté de contribuer à cet effort.
A l’hôpital Santa Maria de Lisbonne, un des deux plus grands du pays, 333 patients étaient pris en charge mardi pour un total de 350 lits alloués aux malades du Covid-19, selon une source hospitalière. Mais il n’y avait que six places libres en soins intensifs. Un autre hôpital, qui dessert les communes d’Amadora et Sintra, dans la banlieue de la capitale portugaise, se trouvait toujours dans une situation « très complexe » après avoir connu des jours chaotiques suite à un manque de pression dans son réseau de distribution d’oxygène, trop sollicité, selon une autre source hospitalière.
Reconfinement trop tardif
Lors de l’incident survenu mardi dernier, l’hôpital avait atteint un record de 363 patients Covid pris en charge simultanément, soit le triple de la capacité maximale prévue par son plan de contingence. Quelque 150 malades ont dû être ventilés grâce à des bonbonnes portables et plus d’une centaine d’entre eux ont été transférés à la hâte vers d’autres hôpitaux, aggravant par exemple l’engorgement des urgences à Santa Maria, qui avait entretemps mis en place un système de pré-triage des malades.
Après l’allègement des restrictions à Noël et l’arrivée du variant britannique, le pays a été frappé par une explosion des nouveaux cas et le gouvernement s’est résolu à imposer un deuxième confinement général à la mi-janvier, mais n’a fermé les écoles qu’une semaine plus tard. « Le confinement strict aurait dû commencer avant Noël, comme l’ont fait d’autres pays », a commenté le virologue Pedro Simas, de l’Institut de médecine moléculaire de Lisbonne. « Le Portugal est maintenant le pire pays au monde, mais nous voyons déjà des signes positifs », a-t-il toutefois ajouté, en expliquant que « le nombre de nouveaux cas quotidiens est train de se stabiliser, avec une tendance à la baisse ».
Hors micro-États, le Portugal est depuis plusieurs jours le pays au monde le plus durement frappé par l’épidémie de coronavirus sur une période de deux semaines, en nombre de décès et de nouveaux cas par rapport à sa population de dix millions d’habitants. Le bilan depuis le début de la pandémie s’élevait lundi à près de 13 000 morts, dont plus de 5 500 sur le seul mois de janvier.
LQ/AFP