L’Europe poursuit lundi son lent retour « à la normale », avec une nouvelle levée des restrictions imposées en mars en raison du coronavirus. Les mauvaises nouvelles s’accumulent d’un point de vue économique.
Partout dans le monde, les autorités partagées entre crainte d’une deuxième vague et catastrophe économique tentent d’alléger un confinement aux conséquences parfois douloureuses.
Aux Etats-Unis, le débat fait rage entre les partisans d’une réouverture rapide de l’économie et ceux d’une ouverture lente et raisonnée pour tenter d’éviter une seconde vague d’infections. Selon le patron de la banque centrale américaine, Jerome Powell, dans tous les cas l’emploi devrait très durement souffrir et la première puissance mondiale endurer une profonde récession.
Il estime qu’un pic du taux de chômage à 20 ou 25% est probable, et que la chute du PIB des Etats-Unis au deuxième trimestre aux Etats-Unis sera « facilement dans les 20, les 30% ». Rien de comparable toutefois, a-t-il affirmé, avec la Grande Dépression des années 30, parce que cette fois-ci les responsables économiques ne commettront pas les mêmes erreurs.
Les trois géants de l’automobile américaine reprennent la production lundi. Mais l’inquiétude reste grande sur les chaînes de montage où il est difficile de garder ses distances et d’éviter la propagation du coronavirus.
Les mauvaises nouvelles continuent de s’accumuler pour d’autres économies.
La troisième du monde, le Japon, est entrée en récession, avec un deuxième trimestre de contraction d’affilée du produit intérieur brut entre janvier et mars, alors que la crise du coronavirus commençait à frapper, selon des données publiées lundi par le gouvernement.
L’Italie, un des pays les plus touchés dans le monde depuis le début de l’épidémie de Covid-19, débute lundi la « phase 2 » de son déconfinement avec la réouverture des commerces, cafés et terrasses.
Le pays, premier dans le monde à avoir adopté un confinement total de sa population, profite depuis le 4 mai d’un peu de liberté retrouvée, à la faveur d’une première levée partielle de restrictions.
Symbole fort dans ce pays catholique, la basilique Saint-Pierre rouvre ses portes lundi aux visiteurs, mais les fidèles devront encore patienter pour y entendre la messe. Celle-ci aura en revanche bien lieu lundi en milieu de journée au « Duomo », la majestueuse cathèdrale de Milan, au coeur de la Lombardie, durement éprouvée par l’épidémie.
Autre monument célèbre à rouvrir ses portes, l’Acropole d’Athènes retrouve lundi ses visiteurs comme tous les sites archéologiques en Grèce, avant le retour espéré des touristes, essentiels à l’économie du pays. Les écoles secondaires rouvrent également leurs portes lundi en Grèce. Les écoliers français des classes de cinquième et sixième retrouvent eux-aussi lundi les bancs de l’école, mais seulement dans les régions les moins touchées par l’épidémie. La Belgique voisine rouvre également ses écoles.
Biergarten ouverts
Et du Portugal, à l’Azerbaïdjan en passant par le Danemark, l’Irlande ou l’Allemagne, plusieurs pays européens rouvrent leurs restaurants, cafés et terrasses, dont les fameux Biergarten, les brasseries en plein air de Bavière.
Les Allemands ont déjà eu le privilège ce weekend de retrouver leur « Fussball » avec la reprise du championnat national, la Bundesliga, première du genre à reprendre en temps de pandémie.
La victoire sans saveur du Bayern de Munich contre l’union Berlin (2-0) a pourtant eu un goût de caviar pour les fans de foot, sevrés de matchs depuis plus de deux mois à cause du coronavirus.
La chaîne allemande Sky a enregistré samedi plus de six millions de téléspectateurs en Allemagne et battu ses records d’audimat. La reprise a aussi été largement commentée dans le monde entier. « Wunderbar » (« merveilleux »), a titré en allemand le journal britannique Mirror on Sunday.
La pandémie du nouveau coronavirus a fait au moins 313 611 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles dimanche soir.
En Espagne, durement frappée (27.650 morts) et entrée dans un déconfinement progressif, le nombre quotidien de décès est tombé sous la barre des cent pour la première fois depuis deux mois.
De quoi renforcer la volonté de certains Allemands d’obtenir enfin le droit de profiter de leur résidence secondaire sous le soleil de l’île de Majorque.
Depuis fin avril, plusieurs centaines d’entre eux ont envoyé des lettres souvent incendiaires demandant à l’archipel des Baléares, où se trouve Majorque, de permettre aux propriétaires étrangers de venir, ce que Madrid refuse toujours, en dépit du poids économique des milliers d’Allemands installés aux Baléares.
AFP