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Virus : la règle du mètre de distance est trop rigide et doit s’adapter aux situations


D’après cette nouvelle étude, la distance de un ou deux mètres conseillée selon les pays peut être suffisante, insuffisante, voire superflue. (illustration archives Editpress/Julien Garroy)

La règle des 1 ou 2 mètres de distanciation physique pour se protéger du Covid-19 est obsolète et il faut plutôt adapter les mesures à la situation, selon la ventilation des lieux ou le fait qu’on y parle plus ou moins fort, juge une étude, ce vendredi.

« La distanciation physique ne doit être vue que comme l’un des pans d’une approche de santé publique plus large », écrivent les auteurs de ces travaux publiés cette semaine par la revue médicale BMJ. Selon eux, il faut prendre en compte un ensemble de facteurs pour déterminer si la distance d’un ou deux mètres conseillée par les autorités sanitaires est suffisante, insuffisante, voire superflue dans les situations les moins à risque.

Ces facteurs sont la ventilation et la densité d’occupation des lieux, le temps d’exposition, le port ou non du masque ou encore le niveau sonore auquel parlent les personnes présentes (plus il est élevé, plus elles expulsent loin des gouttelettes salivaires potentiellement chargées en virus). « Plutôt qu’une règle de distanciation physique unique et rigide, nous proposons des recommandations graduées qui reflètent mieux la combinaison des multiples facteurs déterminant le risque », poursuivent ces experts de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni) et du MIT (Massachusetts Institute of Technology, aux États-Unis). « Cela offrirait une meilleure protection dans les situations les plus à risque, mais aussi une plus grande liberté dans les situations les moins à risque, ce qui permettrait potentiellement un retour à la normale dans certains aspects de la vie économique et sociale », poursuivent-ils.

La distance de 1 ou 2 mètres est basée sur « de la science obsolète »

Ces chercheurs proposent un tableau qui synthétise le risque de transmission selon ces facteurs. Par exemple, dans un endroit bien ventilé où la densité de population est élevée, le risque est faible si les gens portent un masque, parlent sans crier et restent sur les lieux peu longtemps. Le risque augmente en revanche si les personnes crient ou chantent (même avec un masque et même sur une courte période). Et il devient élevé si elles n’ont pas de masque. Selon ce tableau, la mauvaise ventilation d’un endroit clos est un facteur de risque majeur, masque ou pas.

Les auteurs de l’étude font valoir que la distance de 1 ou 2 mètres conseillée selon les pays est basée sur « de la science obsolète ». Cette règle établie pour d’autres maladies infectieuses trouve selon eux ses origines dès le XIXe siècle, et a été affermie dans les années 1940. Son socle est l’existence de grosses gouttelettes salivaires qui tombent au sol après avoir été exhalées par le malade, par opposition aux aérosols, fines particules qui restent en suspension. On sait que les premières sont responsables de la transmission du Covid-19, et on suspecte les deuxièmes de l’être aussi. Mais selon les auteurs de l’étude, cette « dichotomie » entre grosses gouttelettes et aérosols est artificielle : quelle que soit leur taille, la distance qu’elles peuvent atteindre dépend fortement d’autres facteurs, à commencer par les flux d’air.

LQ/AFP