La Chine a proclamé vendredi sa victoire sur le nouveau coronavirus qui a sinistré son économie et continue de galoper ailleurs dans le monde, notamment au Brésil où le seuil des 20 000 morts vient d’être franchi.
Si l’épidémie a désormais touché plus de 5 millions de personnes et fait près de 330 000 morts sur la planète selon les cas officiellement déclarés – et largement sous-estimés -, la Chine, où le virus est apparu fin 2019, est parvenue à l’endiguer sur son territoire même si les États-Unis l’accusent d’avoir tardé à réagir.
« Nous avons obtenu une réussite stratégique majeure dans notre réponse au Covid-19 », a clamé le Premier ministre Li Keqiang au premier jour de la session plénière de l’Assemblée nationale populaire (ANP), grand-messe annuelle du pouvoir communiste. Pour la première fois dans son histoire récente, Pékin a toutefois renoncé à fixer un objectif de croissance pour l’année en cours, faute de pouvoir chiffrer l’impact de la pandémie. Devant 3 000 députés au visage masqué, Li Keqiang a souligné « la tâche immense » qu’il restait à accomplir face aux conséquences du virus sur l’économie chinoise qui, autre fait inédit, s’est contractée de 6,8% au premier trimestre.
La crainte d’une deuxième vague en Europe
L’Europe, où la pandémie a tué plus de 170 000 personnes, continue quant à elle d’avancer sur la voie d’une lente normalisation, mais en multipliant les mesures de précaution. Frappé de plein fouet par l’épidémie comme en témoigne le plongeon record de plus de 18% des ventes de détail en avril, le Royaume-Uni a annoncé vendredi qu’il allait imposer une quarantaine de 14 jours aux voyageurs arrivant de l’étranger. En France, où le gouvernement doit se prononcer sur la tenue ou non en juin du second tour des élections municipales, le week-end ensoleillé de l’Ascension passé sur la plage ou dans les parcs alimente les craintes d’une nouvelle vague. La Grèce, de son côté, a annoncé le prolongement jusqu’au 7 juin des camps de migrants.
Sur ordre de Donald Trump, les États-Unis, pays officiellement le plus lourdement endeuillé par le Covid-19, vont mettre leurs drapeaux en berne de vendredi à dimanche pour y honorer la mémoire des victimes. Le bilan y frôle à présent les 95 000 morts avec des chiffres quotidiens qui restent élevés : 1 255 morts en 24 heures selon le comptage publié jeudi par l’université Johns Hopkins.
De son côté, la Russie a fait état vendredi d’un nouveau record du nombre de morts en une seule journée avec 150 victimes mais l’épidémie y reste stable en termes de nouvelles infections.
« Comme un film d’horreur » au Pérou
Tel n’est pas le cas en Amérique latine où elle poursuit inexorablement sa progression, avec de terribles conséquences prévisibles en termes d’économie et d’emploi. Selon des données officielles, le nombre de morts a doublé en seulement 11 jours pour franchir les 20 000 jeudi au Brésil, pays déjà le plus touché de la région et où la propagation du virus accélère toujours. Dans les cimetières des grandes villes, comme Sao Paulo, les fossoyeurs redoublent les cadences. L’insistance du président Jair Bolsonaro pour le retour au travail et la relance de l’économie crée depuis le début de la crise sanitaire de fortes tensions avec les gouverneurs des États brésiliens, mais les deux camps ont rapproché leurs positions jeudi lors d’une visioconférence.
Le Covid-19 tue proportionnellement plus de jeunes dans ce pays de 210 millions d’habitants qu’ailleurs : seules 69% des victimes y avaient plus de 60 ans contre 95% en Espagne ou en Italie, selon les bilans officiels. « Comme notre population est plus jeune, c’est normal que le pourcentage de morts soit plus élevé chez les moins de 60 ans, mais c’est aussi dû au fait que ces jeunes adultes respectent moins les mesures de confinement », a expliqué Mauro Sanchez, épidémiologiste de l’Université de Brasilia. Au Pérou voisin, la plupart des hôpitaux de Lima sont au bord de la rupture, selon le Bureau du défenseur du peuple, chargé de veiller au respect des droits de l’Homme. « C’est comme un film d’horreur, l’intérieur de l’hôpital ressemble à un cimetière pour les cadavres, les patients meurent sur les chaises, dans les fauteuils roulants », a raconté Miguel Armas, infirmier à l’hôpital Hipolito Unanue de Lima.
Un rapport de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes et de l’Organisation internationale du travail dresse un tableau très sombre des conséquences de la crise sanitaire continentale. La pandémie va créer 11,5 millions de chômeurs de plus en Amérique latine en 2020, selon ce rapport publié jeudi à Santiago. Et la contraction de l’économie de la région sera cette année de 5,3%, la pire depuis 1930.
LQ/AFP