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Vertement critiqué, Boris Johnson tente d’assouplir le confinement


Il souffle un vent de révolte sur le Premier ministre britannique et les critiques pleuvent. (photo AFP)

Le Premier ministre Boris Johnson est sous le feu des critiques lundi pour l’absence de clarté de son plan de déconfinement au Royaume-Uni, qu’il doit détailler après en avoir présenté dimanche les contours aux Britanniques.

Le dirigeant conservateur s’adressera aux députés lundi après-midi, après la publication d’un document de 50 pages détaillant son projet de déconfinement progressif pour le pays, le deuxième le plus endeuillé au monde après les États-Unis, avec près de 32 000 morts. A l’heure où plusieurs pays ont commencé à relâcher la pression, Boris Johnson a prolongé jusqu’au 1er juin le confinement décrété fin mars, devant la crainte d’une nouvelle vague de contaminations.

Il y aura néanmoins beaucoup plus de possibilités de sorties. Et si le télétravail est toujours recommandé, ceux qui ne peuvent pas travailler de chez eux -notamment dans les usines et chantiers de construction- sont encouragés dès cette semaine à se rendre au travail. « Notre principal objectif est de protéger la santé des gens » mais aussi de « commencer à protéger les moyens de subsistance », durement affectés par un confinement aux importantes conséquences économiques et sociales, a indiqué le chef de la diplomatie Dominic Raab sur Sky News.

Parmi ces travailleurs figurent notamment les moins qualifiés, qui courent davantage de risques de mourir du nouveau coronavirus dans le pays, selon une étude publiée lundi par le Bureau national des statistiques. Comment assurer leur sécurité dans le métro, dont certains étaient bondés lundi matin selon les médias, ou sur leur lieu de travail ? Le manque de consignes officielles a suscité une volée de critiques. « Nous encourageons des millions de travailleurs à retourner au travail sans que les nécessaires consignes de sécurité soient en place », a dénoncé sur Sky News Nick Thomas-Symonds, chargé des affaires intérieures pour le Parti travailliste.

« Chaos » et projet « irresponsable »

Keir Starmer, le chef de la formation d’opposition, a exigé « davantage de clarté » tandis que la secrétaire générale du syndicat TUC, Frances O’Grady, a dit craindre que la précipitation n’engendre « le chaos ». Pour le directeur de la Chambre de commerce et d’industrie de Londres, Richard Burge, « il serait idiot pour les patrons d’encourager leurs employés (…) à ne pas continuer à travailler de la maison ». Prenant les devants, la régie des transports londoniens, TfL, a demandé lundi aux passagers de se couvrir le visage, tout en travaillant à une augmentation de la cadence des dessertes. Dans l’enseignement, les syndicats sont vent debout après avoir appris que certains élèves de maternelle et de primaire pourront, en Angleterre, reprendre le chemin de l’école début juin en cas de progrès dans la lutte contre la pandémie.

C’est un projet « irresponsable » qui a été décidé « sans consultation » avec le secteur, a regretté Kevin Courtney, du National Education Union (NEU). « Nous ne sommes pas d’accord pour dire qu’il est sûr de rouvrir les écoles », a-t-il déclaré sur Sky News. Contrairement aux dirigeants des autres régions britanniques, comme le Pays de Galles ou l’Écosse, Boris Johnson est le seul à ne plus insister sur la nécessité de « rester à la maison », mais seulement de demeurer « vigilant », faisant craindre un déconfinement en ordre dispersé dans le pays.

La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a d’ores et déjà fait savoir que ces annonces ne s’appliquaient pas à sa région. « Le gouvernement écossais n’est pas encore convaincu que ces changements puissent être faits de manière sûre en Écosse sans courir le risque de voir le virus potentiellement redevenir hors de contrôle », a-t-elle déclaré lundi.

Parmi les autres assouplissements prévus dès mercredi, les sorties seront autorisées de manière illimitée pour faire de l’exercice, il sera possible de pique-niquer dans les parcs, voire de partir en excursion, mais seulement avec les membres d’un même foyer, et à condition de respecter une distance de 2 mètres avec les autres personnes. En revanche, il faudra atteindre le 4 juillet « au plus tôt » pour manger au restaurant, prendre un verre au pub ou se faire couper les cheveux, a précisé le ministre Dominic Raab.

LQ/AFP