Le Conseil d’Etat va répondre d’ici dimanche soir à des syndicats de médecins qui réclament un « confinement total » pour lutter contre l’épidémie de coronavirus ou, a minima, un durcissement des règles, notamment par l’instauration d’un couvre-feu national et l’interdiction des déplacements pour faire du sport.
La plus haute juridiction administrative a examiné dimanche matin en référé – une procédure d’urgence – la requête déposée vendredi par le syndicat « Jeunes Médecins », à laquelle s’est associée l’ordre des médecins et un syndicat d’internes, afin de contester le décret gouvernemental du 16 mars. Ce décret, qui liste les dérogations à l’interdiction de déplacement, est jugé trop laxiste par ces médecins, qui invitent à prendre exemple sur les mesures « drastiques » prises par la Chine ou la Corée.
Ils invoquent une « atteinte grave et manifestement illégale au droit à la vie » pour saisir en urgence le juge administratif. Marchés en plein air trop fréquentés, nombreux joggeurs dans les villes, maintien des transports en commun, stratégie de dépistage…, tous ces points de tensions ont été débattus pendant 2h30 entre ces jeunes médecins, leurs avocats et deux représentants du gouvernement.
Apprendre des erreurs de l’Italie
« Il y a des messages contradictoires, entre le hashtag #RestezChezVous d’un côté et les encouragements de la ministre du travail à continuer le travail », a souligné Me Vianney Petetin, avocat de Jeunes Médecins. « Il faut apprendre des erreurs de l’Italie, qui a 8 ou 10 jours d’avance sur l’avancée de l’épidémie », a-t-il ajouté pour justifier un confinement strict, un arrêt des activités économiques non-essentielles et une réduction forte des transports en commun.
Certes, « il est plus facile de mettre en place ce type de système dans un régime totalitaire » comme en Chine, concède l’avocat. Mais « avec un effort de tous, on peut tout de même y arriver », dit-il, appelant à « faire preuve d’imagination » pour organiser un ravitaillement de la population via les « drives » des supermarchés ou des livraisons assurées par l’Etat. « Nous sommes dans un état démocratique: on ne mettra jamais en oeuvre en France des mesures répressives que les autorités chinoises ont utilisées », lui a répondu Charles Touboul, directeur des affaires juridiques des ministères sociaux.
LQ / AFP