La cheffe de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado a appelé à la mobilisation contre le pouvoir de Nicolas Maduro, dont la réélection à la présidence du pays est contestée dans la rue.
« Nous avons proposé au régime d’accepter démocratiquement sa défaite (…) mais il a choisi la voie de la répression, de la violence et du mensonge. Il nous appartient maintenant à tous de faire valoir la vérité. Mobilisons-nous », a écrit Maria Corina Machado dans un message posté mercredi soir sur X.
Le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA) Luis Almagro a pour sa part déclaré qu’il allait demander à la Cour pénale internationale (CPI) d’inculper le président Nicolas Maduro et d’émettre un mandat d’arrêt à son encontre pour le « bain de sang » au Venezuela, lors des manifestations meurtrières contre sa réélection. Jusqu’à présent, l’opposition n’avait jamais appelé à manifester. Son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, avait même estimé lundi que les « manifestations » du jour ne contribuaient pas à « l’objectif ».
Mais les déclarations de Nicolas Maduro ont montré qu’il n’entendait pas céder le pouvoir et l’opposition, qui comptait sur la pression internationale, a changé de stratégie. Mercredi, il a menacé d’emprisonner les deux chefs de l’opposition, jurant que ses adversaires n’arriveraient « jamais au pouvoir ».
« M. Gonzalez Urrutia, montrez votre visage, sortez de votre cachette, ne soyez pas lâche, Maria Corina Machado (…) vous avez du sang sur les mains », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse avec des correspondants étrangers, la première depuis presque deux ans, au palais présidentiel de Miraflores.
« Fraude massive »
Héritier du leader socialiste et bolivarien Hugo Chavez, Nicolas Maduro, 61 ans, au pouvoir depuis 2013, a été proclamé réélu pour un troisième mandat jusqu’en 2031, à l’issue du scrutin de dimanche remporté avec 51,2% des voix contre 44,2% à son adversaire, selon les résultats officiels.
La cheffe de l’opposition, Maria Corina Machado, déclarée inéligible, avait été remplacée au pied levé par Edmundo Gonzalez Urrutia. Tous deux sont à la pointe du mouvement de contestation du scrutin, alors que l’opposition dénonce dans la rue une « fraude massive ».
Ils affirment détenir les preuves de la victoire de leur candidat et ont demandé au Conseil national électoral (CNE) de publier le détail du vote, tout en exigeant que les bulletins soient recomptés de manière transparente.
Depuis lundi, au moins 11 civils ont été tués au cours des manifestations, selon des ONG. Les autorités ont fait état d’un 12e mort, un soldat tué par balle. Selon le parquet, 77 fonctionnaires ont été blessés, et plus de 1.000 personnes interpellées. Maria Corina Machado, a parlé mercredi d’un nouveau bilan de « 16 meurtres » et « 11 disparitions forcées » notamment.
« Répression »
Mercredi, à l’appel du pouvoir, des centaines de partisans de Nicolas Maduro sont descendus dans la rue pour rallier le palais présidentiel de Caracas. Plus tôt dans la journée, le président s’est dit « prêt à publier 100% » des pièces justifiant de sa réélection.
Le G7 a appelé Caracas à « publier en pleine transparence les résultats électoraux détaillés », tandis que le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a appelé à « mettre fin à la répression et à la rhétorique violente » contre l’opposition.
Plusieurs ONG, dont Amnesty International, ont dénoncé dans un communiqué commun « l’usage disproportionné de la force par les forces de sécurité vénézuéliennes » et exigé des autorités qu’elles « respectent et garantissent la liberté d’expression et de réunion pacifique ».
« Millions de voix »
Lors d’un discours devant l’OEA, le chef de la diplomatie américaine pour l’Amérique latine, Brian Nichols, a déclaré que Edmundo Gonzalez Urrutia avait « clairement » battu Nicolas Maduro, affirmant que l’écart se comptait même en « millions de voix ».
Dans la région, le président colombien Gustavo Petro, qui a pourtant renoué les liens ces deux dernières années avec le Venezuela chaviste, a lui aussi exprimé de « sérieux doutes » sur les résultats et demandé un « décompte transparent » des voix et des procès-verbaux.
La Colombie, le Brésil et le Mexique échangent actuellement pour « créer les conditions nécessaires » au retour de « la paix » au Venezuela, a indiqué mercredi Bogota. Neuf pays d’Amérique latine ont déjà appelé ensemble à un « réexamen complet (des résultats) avec la présence d’observateurs électoraux indépendants ».
En représailles, le Venezuela a retiré son personnel diplomatique de sept de ces Etats et rompu ses relations avec le Pérou qui a reconnu le candidat d’opposition en tant que président « légitime ».
Une crise économique sans précédent
Buenos Aires a appelé mercredi à la solidarité de la communauté internationale pour protéger six opposants vénézuéliens bénéficiant de l’asile dans l’ambassade argentine de Caracas, dont les diplomates doivent quitter le pays.
Le duel à distance sur la toile entre le président Maduro et le milliardaire Elon Musk donne par ailleurs une dimension inédite à cette crise.
Elon Musk a réaffirmé mercredi que « les citoyens ont voté à une écrasante majorité pour le candidat Gonzalez ». De son côté, Nicolas Maduro a répondu en conférence de presse, mimant un combat de boxe: « Si je te bats Elon Musk, j’accepte ton voyage sur Mars, mais tu viens avec moi! ». Mercredi soir, Elon Musk a dit sur X « accepter » son invitation.
Le Venezuela, longtemps une des nations les plus riches d’Amérique latine, est exsangue, empêtré dans une crise sans précédent: effondrement de la production pétrolière, PIB réduit de 80% en dix ans, pauvreté et systèmes de santé et éducatif délabrés. Plus de sept millions de Vénézuéliens ont fui leur pays.
Lisez bien le dernier pargraphe. Les faits sont exacts.
Comment se fait-il qu’un pays riche n’arrive pas à nourrir son peuple?
Réponse courte: 20 ans de socialisme.