L’opposant Juan Guaido a critiqué l’expulsion de cinq eurodéputés par « un régime isolé et toujours plus irrationnel » à l’orée d’une semaine décisive au Venezuela, avec l’entrée de l’aide humanitaire fixée à samedi, contre l’avis du président Nicolas Maduro.
« Nous sommes en train de nous faire expulser du Venezuela : on nous a confisqué nos passeports, on ne nous a pas communiqué la raison de l’expulsion, pas plus que nous n’avons de document qui justifie pourquoi on nous renvoie du pays », a affirmé l’Espagnol Esteban Gonzalez Pons, l’un des cinq eurodéputés (tous du Parti populaire européen, droite et centre-droit), dans une vidéo tournée depuis l’aéroport de Caracas-Maiquetia.
« Nous sommes la première délégation internationale qui allait rendre visite au président par intérim Juan Guaido. La question n’est pas qu’on ne nous laisse pas entrer, mais qu’on ne laisse le président par intérim voir aucune autorité étrangère au Venezuela », a-t-il également déploré.
Juan Guaido a aussitôt dénoncé sur Twitter « l’usurpateur qui fait monter le coût de ce qui est un fait : la transition. Exerçons toute la pression nécessaire pour parvenir à la fin de cette usurpation. Continuons! »
Des députés prévenus il y a plusieurs jours, selon Caracas
Le ministre des Affaires étrangères de Nicolas Maduro, Jorge Arreaza, a expliqué sur le même canal que « par voies officielles diplomatiques », Caracas avait « notifié il y a plusieurs jours au groupe d’eurodéputés qui prétendaient visiter le pays, à des fins conspiratives, qu’ils ne seraient pas admis, et il leur a été demandé de renoncer et d’éviter ainsi une autre provocation ».
Le régime de Nicolas Maduro, soutenu par la Russie, la Chine, la Turquie, l’Iran et Cuba, contrôle les frontières du pays. Juan Guaido, chef du Parlement qui s’est autoproclamé président par intérim le 23 janvier, est pour sa part reconnu par une cinquantaine de pays, dont les États-Unis, sans avoir les leviers du pouvoir exécutif.
Rendez-vous fixé à samedi pour faire entrer l’aide humanitaire
L’opposant a donné rendez-vous à ses partisans pour convoyer samedi l’aide humanitaire stockée dans des pays frontaliers. Il a promis qu’à cette date, l’aide entrerait « quoi qu’il arrive », « par la terre ou la mer », pour former une « avalanche humanitaire ». Au risque d’une épreuve de force avec l’armée loyale à Nicolas Maduro, qui y voit un prétexte pour une intervention militaire des États-Unis.
Dans ce pays en plein marasme économique, miné par l’hyperinflation et les pénuries, l’aide d’urgence est au cœur du conflit entre les deux hommes, et ce samedi pourrait en être le point d’orgue. Juan Guaido vise « un million de volontaires », « sur le terrain ou de manière active sur les réseaux sociaux », a-t-il écrit aux 600000 bénévoles qui ont déjà répondu à son appel. Tout en convoquant des manifestations de soutiens ce même samedi.
Constitués en « caravanes », les volontaires se rendront en autocars jusqu’à la ville frontalière colombienne de Cucuta, à la frontière avec le Brésil, où deux centres de stockage sont installés dans l’État du Roraima, et au point d’arrivée de l’aide qui sera envoyée depuis l’île néerlandaise de Curaçao. En attendant, des groupes de volontaires s’activaient lors de réunions de préparation. Et dans des installations de fortune baptisées « campements humanitaires », à plusieurs endroits du pays, des personnels médicaux (aide-soignants et médecins généralistes, pédiatres, nutritionnistes etc.) recevaient des patients des alentours.
«Si vous déjeunez, vous ne dînez pas»
Mari Tovar, mère de trois enfants, dont l’un souffre de dénutrition, s’est inscrite sur le site internet pour apporter son aide. « Si vous petit-déjeunez, vous ne déjeunez pas, si vous déjeunez, vous ne dînez pas », dit-elle. « Je veux que mes enfants aient accès à des médicaments et à de la nourriture ».
Nicolas Maduro nie toute « urgence humanitaire ». Il n’est donc pas question pour lui de laisser entrer l’aide, qui n’est que de la « nourriture pourrie », des « miettes ». Assurant que son gouvernement distribue de l’aide alimentaire à six millions de familles, il rejette la responsabilité des pénuries sur les sanctions américaines, dont Caracas évalue l’impact à 30 milliards de dollars par an sur l’économie vénézuélienne. Donald Trump mercredi envisageait mercredi « toutes les options » pour régler la crise vénézuélienne.
AFP