Le patron de l’OMS en Europe a appelé vendredi les Européens à accélérer leur campagne de vaccination contre le Covid-19, tout en s’inquiétant de l’impact des variants sur l’efficacité des vaccins.
« Des entreprises pharmaceutiques d’habitude concurrentes doivent unir leurs efforts pour augmenter drastiquement les capacités de production, c’est de ça dont nous avons besoin », réclame Hans Kluge, à Copenhague, alors que la campagne de vaccination dans l’Union européenne a connu des débuts difficiles, 2,5% de la population y ayant reçu une première dose.
Le directeur de l’institut de veille épidémiologique allemand Robert-Koch a aussi tiré la sonnette d’alarme. « Le virus n’est pas encore fatigué, au contraire, il vient de recevoir un nouveau coup de pouce » avec les variants britannique et sud-africain, a déploré Lothar Wieler, douchant les espoirs d’une levée rapide des restrictions face à un virus devenu « plus dangereux ».
Aux États-Unis, le laboratoire américain Johnson & Johnson a demandé d’autoriser en urgence son vaccin particulièrement attendu car il peut être stocké à des températures de réfrigérateur plutôt que de congélateur, et il ne s’administre qu’en une seule dose. Cependant ses résultats cliniques ont soulevé une inquiétude: le remède s’est montré plus efficace aux États-Unis (72%) qu’en Afrique du Sud (57%), où un variant est devenu largement majoritaire.
Les experts y voient l’indication que de futurs variants pourraient finir par totalement contourner les défenses immunitaires développées par les vaccins actuels. « C’est la grande question. Je suis inquiet », a reconnu Hans Kluge.
Spoutnik V, « une bonne nouvelle »
Partout dans le monde, commandent et livraisons de vaccins s’accélèrent. En Europe, aidée par Pékin, la Serbie fait la course en tête. Dans le petit pays des Balkans de sept millions d’habitants, plus de 450 000 personnes ont reçu une dose en l’espace de deux semaines, soit le deuxième taux de vaccination des pays européens après le Royaume-Uni, d’après la publication scientifique Our World in Data. Sur le site gouvernemental dédié, les gens sont invités à cocher des cases pour dire leurs préférences. Pfizer, Spoutnik V et Sinopharm figurent actuellement au menu.
L’Iran, où le coronavirus a fait plus de 58 000 morts, a reçu jeudi ses premières doses du vaccin russe Spoutnik V, tout comme la Cisjordanie. Le vaccin russe est « une bonne nouvelle pour l’humanité », a déclaré à Moscou vendredi le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell, qui a dit « espérer que l’Agence européenne des médicaments pourra (le) certifier ». Son homologue russe Sergueï Lavrov a souligné vouloir coopérer dans ce domaine avec ses rivaux occidentaux.
Bien qu’elle affirme être exempte du virus sur son sol, la Corée du Nord a aussi fait une demande de vaccins, dont elle devrait recevoir près de deux millions de doses.
Contaminations en baisse
Parallèlement à la vaccination, les mesures de restrictions se poursuivent. L’Australie, qui lancera sa campagne de vaccination dans le courant du mois, a annoncé vendredi que l’obligation pour toutes les personnes entrant dans le pays d’observer une quarantaine de deux semaines était maintenue. Et elle n’augmentera que très progressivement le quota de personnes autorisées à entrer dans le pays.
Le Royaume-Uni a, lui, confirmé jeudi que ses résidents arrivant de pays jugés à risque devront observer dix jours de quarantaine à l’hôtel, à partir du 15 février. Le Koweït a, à l’instar de l’Arabie saoudite, suspendu l’entrée des étrangers pour deux semaines. Quant à la Suède et au Danemark, ils ont annoncé qu’ils allaient développer dans les mois qui viennent des « passeports vaccinaux » électroniques pour faciliter les voyages à l’étranger, mais aussi pour accéder à des évènements sportifs ou culturels, voire à des restaurants dans le cas danois.
De son côté, Israël a annoncé vendredi maintenir la suspension des vols internationaux et la fermeture de ses frontières terrestres même s’il va lever progressivement à partir de dimanche le confinement en vigueur depuis plus d’un mois, après une légère baisse du nombre de contaminations. Les Israéliens pourront alors se déplacer au-delà d’un kilomètre de leur domicile et certains services (coiffeurs, soins esthétiques) seront à nouveau autorisés. Les hôtels resteront fermés.
Selon un bilan établi jeudi, la pandémie a fait au moins 2 285 334 morts dans le monde et plus de 104 848 470 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués. Quelque 493 000 contaminations ont été enregistrées quotidiennement cette semaine dans le monde, un chiffre en baisse pour la troisième semaine consécutive, atteignant son niveau le plus bas depuis fin octobre.
LQ/AFP