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Vaccin : selon l’UE, AstraZeneca refuse de s’expliquer sur ses retards


"L'UE voulait plus ou moins autant de doses que le Royaume-Uni alors qu'ils signaient trois mois après. On a donc dit : on fera de notre mieux, mais nous n'allons pas nous engager contractuellement." (illustration AFP)

Le laboratoire pharmaceutique britannique AstraZeneca, mis en cause en Europe pour des retards de livraison de son vaccin contre le Covid-19, s’est retiré mercredi d’une réunion organisée par l’UE, alors que Bruxelles a vivement « contesté » les justifications avancées par le laboratoire britannique.

Avant le feu vert réglementaire de l’UE pour ce vaccin attendu vendredi, AstraZeneca a annoncé la semaine dernière que les livraisons seraient moins importantes que prévu au premier trimestre en raison d’une « baisse de rendement » sur un site de fabrication européen.

Le groupe a été convoqué à deux reprises lundi pour s’expliquer devant les États membres et la Commission européenne, qui négocie aux nom des Vingt-Sept. Ses justifications ont été jugées « insatisfaisantes » et une autre rencontre était prévue mercredi.

Mais AstraZeneca « s’est retiré » de la réunion mercredi matin, a indiqué un haut responsable européen. Bruxelles conteste les explications fournies par le PDG du groupe Pascal Soriot dans un entretien donné mardi à plusieurs quotidiens européens, et dément notamment le principe de réserver au Royaume-Uni la production des usines britanniques.

« L’accord britannique a été conclu en juin (2020), trois mois avant l’accord européen (…) Londres a stipulé que l’approvisionnement provenant de la chaîne d’approvisionnement britannique irait d’abord au Royaume-Uni », déclare Pascal Soriot dans cet entretien. Dans le contrat de précommande conclu par l’UE en août, portant jusqu’à 400 millions de doses du vaccin AstraZeneca/Oxford, « il est mentionné que les sites de fabrication britanniques étaient une option pour l’Europe, mais seulement plus tard », précise le Français.

« Aucunement engagés auprès de l’UE »

Dans un passage publié par le quotidien italien La Repubblica, le patron insiste : « Nous ne sommes aucunement engagés auprès de l’UE (…) Ce n’est pas un engagement contractuel. On a dit : on fera de notre mieux, mais sans garantie de réussir ». « L’UE voulait plus ou moins autant de doses que le Royaume-Uni alors qu’ils signaient trois mois après. On a donc dit : on fera de notre mieux, mais nous n’allons pas nous engager contractuellement », observe-t-il.

Des propos qui ont fait réagir Bruxelles : « Nous contestons nombre d’éléments de cette interview, y compris l’idée que la production des usines britanniques serait réservée à des livraisons au seul Royaume-Uni. Ce n’est pas exact », a fait savoir un haut responsable de l’UE. « Sur l’idée de ‘faire de son mieux’ : le contrat prévoit l’existence de capacités de production supplémentaires. De telle sorte que s’il y a un problème dans une usine en Belgique, nous puissions recourir aux capacités d’autres usines en Europe ou au Royaume-Uni », insiste-t-il.

Pour Pascal Soriot, les difficultés de « rendement » rencontrées dans son usine européenne s’expliquent par le retard pris par rapport au Royaume-Uni : les partenaires du groupe devaient « apprendre » le processus de production. « Ils n’étaient pas aussi efficaces que les autres (…) Ce n’est vraiment pas de chance. Rien de mystérieux là-dedans », a-t-il simplement commenté.

LQ/AFP

AstraZeneca dément

Le groupe pharmaceutique a démenti tout retrait et assuré qu’il participerait à une rencontre dans la journée. « Nous ne nous sommes pas retirés, nous assisterons à la réunion avec les représentants de l’UE plus tard dans la journée », a indiqué un porte-parole du groupe dans un communiqué, après les accusations de l’UE.