Les migrants bénéficiant de prestations sociales, comme des soins subventionnés ou une allocation logement, risquent de se voir désormais refuser la nationalité américaine, selon des nouvelles règles annoncées lundi par le gouvernement de Donald Trump, fidèle à son credo d’immigration « au mérite ».
Ces mesures ciblent des millions de travailleurs majoritairement hispaniques, occupant généralement des emplois peu rémunérés.
Jugés susceptibles de devenir des « charges pour la société », ils se verront refuser l’accès au territoire et ceux se trouvant déjà aux États-Unis se verront refuser la « carte verte », le permis de séjour américain, précise la nouvelle réglementation publiée par la Maison-Blanche. S’ils ont déjà une carte verte, ils ne pourront pas obtenir la nationalité américaine.
Le texte vise les migrants démunis, qui bénéficient à leur arrivée sur le territoire américain, pendant une période limitée, d’allocations logement ou de bons alimentaires. Elle est aussi destinée à décourager les candidats à l’immigration peu qualifiés qui espèrent obtenir l’asile aux États-Unis.
La loi américaine sur l’immigration stipule que ceux qui viennent vivre aux États-Unis ne peuvent pas devenir une charge pour la société, rappelle la présidence : « Depuis des années, cette exigence claire a été largement ignorée, faisant peser une énorme charge sur les contribuables américains. Aujourd’hui, la loi sur les charges pour la société va enfin être mise en œuvre ».
« Le gouvernement du président Trump défend à nouveau les idéaux d’autonomie et de responsabilité individuelle, en s’assurant que les immigrants sont capables de subvenir à leurs besoins et de réussir ici, en Amérique », a justifié Ken Cuccinelli, le directeur par intérim des services américains de l’Immigration.
« Beaucoup d’étrangers et de membres de leur famille ont profité de notre généreux système d’aides publiques, des ressources limitées qui auraient sinon pu bénéficier à des Américains vulnérables », note un communiqué de la Maison-Blanche.
Les enfants pas concernés
Cette décision pourrait affecter 22 millions d’étrangers résidant légalement dans le pays, ainsi que quelque 10 millions d’immigrants installés illégalement aux États-Unis, souvent depuis des années.
Selon la Maison-Blanche, la moitié des familles étrangères résidant aux États-Unis comprennent au moins une personne utilisant Medicaid, le système d’assurance maladie public du pays réservé aux plus démunis. En outre, 78% des foyers dont le chef de famille est un étranger peu éduqué utilise au moins un programme d’aide publique, ajoute l’exécutif.
Ken Cuccinelli a précisé que la nouvelle réglementation entrerait en vigueur à partir du 15 octobre pour déterminer si les détenteurs de carte verte ont bénéficié d’aides publiques de façon abusive. Il a précisé que la nouvelle réglementation ne concernait pas l’aide à l’enfance ou aux femmes enceintes, ni les soins dans les services d’urgence des hôpitaux.
Le renforcement de la réglementation sur les « charges pour la société », envisagé depuis 2018, a reçu un soutien fervent des conservateurs aux États-Unis, tandis que les défenseurs de l’immigration l’ont vivement critiqué.
«Politique raciste»
En mai, Donald Trump a annoncé une vaste réforme du système d’immigration légale aux États-Unis, destinée à sélectionner les étrangers sur la base de leur « mérite » et non plus en raison de leurs liens familiaux.
« Notre plan va transformer le système américain de l’immigration en fierté pour la nation et sera admiré du monde entier », a assuré le président américain, en dénonçant un système « dysfonctionnel », « discriminatoire à l’égard des génies » et « les esprits brillants ».
Pour les groupes pro-immigration, l’utilisation de l’aide publique par les migrants ne pose pas de vrai problème. Selon une étude du centre de recherche Urban Institute publiée le mois dernier, les nouveaux immigrants aux États-Unis ont déjà renoncé à des aides publiques depuis que les informations sur le possible renforcement de la règle des « charges pour la société » ont commencé à circuler l’an dernier.
Le National Immigration Law Center, un groupe pro-immigrants, a annoncé lundi son intention de saisir la justice pour bloquer la mise en ouvre de cette réforme, qu’il a qualifiée de « politique raciste ».
AFP