L’acte de mise en accusation de Donald Trump sera transmis lundi au Sénat américain, à qui il revient de le juger pour « incitation à l’insurrection », ont annoncé vendredi les chefs démocrates du Congrès.
La cheffe de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, « m’a informé que l’acte d’accusation serait transmis au Sénat lundi », a déclaré le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer dans l’enceinte de la chambre haute.
« Nos procureurs sont prêts à défendre leur dossier devant les 100 sénateurs qui serviront de juges pendant le procès », a confirmé ensuite Nancy Pelosi dans un communiqué.
Concrètement, ces « procureurs » – des élus démocrates de la Chambre menés par Jamie Raskin – traverseront les couloirs du Congrès pour apporter l’acte d’accusation dans l’hémicycle du Sénat, où ils le liront aux sénateurs.
Cette étape marquera l’ouverture formelle du second procès de Donald Trump dans le cadre de l’infamante procédure de destitution. Les débats de fond pourraient toutefois attendre et aucune date n’a encore été communiquée.
Chuck Schumer a juste précisé avoir discuté avec le chef de la majorité républicaine Mitch McConnell « du calendrier et de la durée » des audiences. « Mais ne vous trompez pas, il y aura un procès au Sénat des États-Unis et un vote sur la culpabilité du président », a-t-il lancé.
Lui succédant à la tribune, Mitch McConnell a regretté la cadence. « La mise en accusation par la Chambre a été plus rapide et minimaliste que jamais, l’étape suivante ne peut pas être un procès insuffisant au Sénat », a-t-il déclaré.
« Nous avons besoin d’un procès complet et équitable, lors duquel l’ancien président pourra se défendre et le Sénat considérer toutes les questions factuelles, légales et constitutionnelles », a-t-il poursuivi en suggérant d’attendre la mi-février pour entamer les débats.
L’habile stratège a même souligné qu’il était dans l’intérêt de la nouvelle administration d’attendre, pour que le Sénat puisse consacrer les prochains jours à la confirmation des membres du gouvernement nommés par Joe Biden et à ses premiers projets de loi.
Jusuqu’ici, le 46e président des États-Unis s’est gardé d’intervenir à ce sujet, estimant qu’il revenait au Congrès de fixer les modalités du procès de son prédécesseur.
« Montrer de la force »
Donald Trump est accusé d’avoir encouragé ses partisans à se lancer à l’assaut du Capitole le 6 janvier au moment où les élus du Congrès certifiaient la victoire de son rival démocrate à la présidentielle.
« Vous ne reprendrez jamais notre pays en étant faibles. Vous devez montrer de la force et vous devez être forts », avait-il lancé à ses supporters quelques instants avant qu’ils envahissent le siège du Capitole, semant le chaos et la violence. Cinq personnes sont mortes pendant cette attaque.
Une semaine plus tard, Donald Trump est devenu le premier président de l’Histoire des États-Unis à être mis en accusation deux fois par la Chambre, contrôlée par les démocrates.
Il avait déjà été renvoyé en procès à la fin 2019 pour avoir demandé à l’Ukraine d’enquêter sur le fils de Joe Biden. Le Sénat, contrôlé par les républicains, l’avait rapidement acquitté.
Cette fois, certains élus républicains se sont montrés très critiques. Même Mitch McConnell, qui fut l’un de ses plus solides alliés pendant sa présidence, a fait savoir qu’il n’excluait pas de le juger coupable.
Mais la Constitution impose un seuil des deux tiers pour condamner un président, et il faudrait que 17 sénateurs républicains se rallient aux 50 démocrates pour atteindre cette majorité qualifiée, ce qui est à ce stade très incertain.
Si Donald Trump était déclaré coupable, il ne serait pas destitué puisqu’il a déjà quitté la Maison-Blanche, mais il deviendrait inéligible, alors qu’il a caressé l’idée d’une nouvelle candidature à la présidentielle de 2024.
AFP