Joe Biden était vendredi à un pas de la Maison-Blanche, ayant pris la tête de la course dans l’État clé de Pennsylvanie, mais Donald Trump a par avance contesté le verdict des urnes.
Dans un dépouillement qui avançait au compte-gouttes, la tendance s’est inversée en début de matinée : mené depuis le scrutin de mardi, l’ancien vice-président démocrate devançait désormais le président républicain d’un peu plus de 5 000 voix.
Au vu des résultats serrés, aucun grand média américain n’a pour l’instant attribué définitivement la victoire à un des deux candidats dans cet État qui vaut 20 grands électeurs.
Mais si l’ancien vice-président de Barack Obama remporte cet État industriel du nord-est du pays, il deviendra le 46e président américain.
L’avance initiale de Donald Trump en Pennsylvanie, qu’il avait remportée en 2016, a fondu au fur et à mesure que les bulletins envoyés par courrier – souvent à 80% en faveur de Joe Biden – étaient comptés.
Au petit matin, le dépouillement en Géorgie, qu’aucun démocrate n’a remportée depuis 1992, avait déjà basculé en faveur de Joe Biden avec un peu plus de 1 000 voix d’avance.
Le compteur pour arriver au nombre magique de 270 grands électeurs – la majorité du collège électoral – ouvrant les portes de la Maison-Blanche restait toutefois encore bloqué : 253 ou 264 voix pour Joe Biden, selon que les médias lui aient ou non attribué l’Arizona, et 214 pour Donald Trump.
Les États-Unis attendent donc toujours avec certitude, depuis mardi soir, de connaître le nom de celui qui prêtera serment le 20 janvier.
À l’inverse de la Pennsylvanie et de la Géorgie, Donald Trump bénéficie directement, dans l’Arizona, de la prolongation du dépouillement.
Il était en train de rattraper Joe Biden, risquant de faire perdre au démocrate les 11 grands électeurs que l’agence AP et Fox News lui avaient attribués dès la nuit électorale, sur la base de résultats partiels et de modèles statistiques, une méthode habituellement sûre.
Signe que le démocrate semble de plus en plus proche de la victoire à la présidentielle, le Secret Service, chargé de la protection des hautes personnalités, va renforcer dès vendredi ses effectifs d’agents autour de Joe Biden dans son fief du Delaware, a rapporté le Washington Post.
Face aux résultats égrenés globalement plus favorables à son rival, Donald Trump a lui crié jeudi une nouvelle fois à la fraude, sans apporter de nouveaux éléments.
« Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l’élection », a-t-il lancé depuis la Maison-Blanche, dans une tirade truffée d’approximations et de contre-vérités sur le décompte en cours.
Trump plus isolé
Le 45e président des États-Unis apparaît isolé au sein de son propre parti dans sa croisade contre un « vol » du scrutin dont il serait la victime. « Nous n’avons entendu parler d’aucune preuve », a réagi sur ABC Chris Christie, ex-gouverneur du New Jersey et allié du président, mettant en garde contre le risque d’attiser les tensions sans éléments tangibles.
Il a en revanche reçu le soutien de deux sénateurs républicains, Lindsey Graham et Ted Cruz. « Je peux vous dire que le président est en colère et je suis en colère, et les électeurs devraient être en colère », a déclaré ce dernier sur Fox News.
Les lieutenants et la famille du président ont eux lancé une campagne de désinformation pour persuader leurs troupes que des tricheries massives étaient en cours.
Peu après l’allocution de Donald Trump, Joe Biden a une nouvelle fois appelé au calme et à la patience. « Personne ne nous prendra notre démocratie. Ni aujourd’hui, ni jamais », a-t-il tweeté.
Quelques heures plus tôt, le candidat démocrate s’était dit certain, dans une intervention à la tonalité présidentielle, de sa victoire imminente.
« Je demande à tout le monde de rester calme. Le processus fonctionne, le décompte s’achève et nous saurons très bientôt », a-t-il déclaré depuis le Delaware. « Nous n’avons aucun doute sur le fait que lorsque le dépouillement sera terminé (…) nous serons déclarés vainqueurs ».
Recours judiciaires
Le président républicain avait déclaré, dans la première nuit post-élection, qu’il avait gagné l’élection et qu’il ferait intervenir la Cour suprême, restant évasif sur les motifs.
En réalité, ses avocats ont lancé de multiples actions judiciaires au niveau des États, avec par exemple la menace de demander un recomptage dans le Wisconsin.
Les démocrates estiment les plaintes sans fondement, mais ces recours pourraient retarder de plusieurs jours ou semaines l’homologation des résultats.
Dans le Michigan et la Géorgie, deux juges ont déjà rejeté des recours républicains.
L’une des batailles concerne la Pennsylvanie. A la demande du camp Trump, un juge a ordonné aux autorités locales de laisser entrer des observateurs républicains dans le centre de convention de Philadelphie où le dépouillement a lieu.
La police de Philadelphie a de son côté arrêté deux hommes après avoir appris qu’une attaque armée s’y préparait contre ce centre de dépouillement, illustrant les tensions élevées dans un pays extrêmement divisé.
LQ