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Union douanière : Theresa May menacée par une fronde parlementaire


L'affaire illustre la profonde division du parti conservateur sur le Brexit, entre partisans d'un maintien d'étroites relations avec l'UE et tenants d'une sortie sans concession. (photo AFP)

La Première ministre britannique Theresa May affrontait mercredi un nouvel accès de tension au sein de son parti conservateur, un groupe de députés ayant menacé de la lâcher si elle n’abandonnait pas un projet d’accord douanier avec l’UE pour l’après-Brexit.

Cette soixantaine de parlementaires conservateurs, regroupés au sein de l’European Research Group (ERG), ont envoyé à la dirigeante un rapport de 30 pages détaillant leur opposition à cette option qui réduirait selon eux la marge de manoeuvre du Royaume-Uni après le Brexit et viderait de son sens la décision des Britanniques de sortir de l’UE, rapportaient les médias britanniques.

La remise de ce document intervient alors que Theresa May réunit mercredi après-midi son « cabinet de guerre sur le Brexit », chargé de décider des orientations à donner sur les négociations avec Bruxelles et dont l’ordre du jour est justement consacré à la question douanière. Theresa May répète qu’elle veut quitter l’union douanière et le marché unique pour pouvoir négocier librement ses propres partenariats commerciaux, en particulier avec les États-Unis et les pays du Commonwealth. Mais comme l’UE représente près de la moitié du commerce extérieur britannique, elle étudie deux possibilités pour limiter l’impact du Brexit.

« Otage des extrémistes pro-Brexit »

L’une d’elle serait une solution notamment technologique destinée à conserver la fluidité des échanges. L’autre, qui aurait la faveur de Theresa May, prendrait la forme d’un accord douanier via lequel le Royaume-Uni appliquerait les tarifs douaniers de l’UE à sa frontière pour les biens transitant sur son territoire et les reverserait ensuite à l’UE, et ses propres tarifs pour les biens destinés au pays. Cette option représenterait toutefois un casus belli pour les membres de l’ERG, qui pourraient alors mener une fronde au Parlement et retirer leur soutien au projet de loi gouvernemental sur la sortie de l’UE, paralysant ainsi l’action de l’exécutif.

« D’ultimatum il ne saurait être question », a néanmoins assuré le conservateur Jacob Rees-Mogg, président du groupe ERG, sur la BBC. Mais le projet d’accord douanier « ne marcherait pas » et « nous laisserait de facto dans l’union douanière et dans le marché unique », a-t-il estimé.

L’affaire illustre la profonde division du parti conservateur sur le Brexit, entre partisans d’un maintien d’étroites relations avec l’UE et tenants d’une sortie sans concession. L’opposition travailliste en a profité pour dénoncer « une nouvelle preuve que Theresa May est l’otage des extrémistes pro-Brexit de son propre parti », selon le député Paul Blomfield.

Le Quotidien/AFP