Sur 120 convives, tous étaient vaccinés et, pourtant, plus de la moitié ont ensuite été testés positif au covid… Une soirée festive à Oslo s’est transformée en foyer probable d’infection au variant Omicron, renforçant les craintes sur sa forte transmissibilité et sa résistance aux vaccins.
Tout a commencé avec une fête d’entreprise le 26 novembre dans la capitale norvégienne : à l’invitation du producteur d’énergie solaire Scatec, quelque 120 personnes, dont une récemment revenue d’Afrique du Sud, se retrouvent au restaurant Louise pour fêter Noël avant l’heure.
« Toutes avaient été vaccinées, aucune ne présentait de symptômes et elles avaient toutes réalisé un autotest » avant le repas, a indiqué vendredi une responsable des autorités sanitaires municipales, Tine Ravlo.
« Tout avait été fait en règle et aucune règle n’a été violée », a-t-elle souligné.
Pourtant, une semaine plus tard, l’ambiance n’est plus à la fête : 64 convives, soit une grosse moitié des quelque 120 participants, ont été testés positif au Covid, un cas d’Omicron est pour l’instant confirmé et 17 autres sont suspectés.
Encore provisoires, ces chiffres sont susceptibles d’augmenter à mesure que les analyses des tests progressent.
Parmi les convives contaminés, aucun n’a pour l’instant développé de forme grave de la maladie, la plupart présentant des symptômes légers sous forme de maux de tête, inflammation de la gorge et de toux, selon Tine Ravlo.
Port du masque et télétravail
Il pourrait s’agir du plus gros foyer connu à ce jour du variant Omicron en Europe, voire au monde.
Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), le nombre de cas connus de personnes contaminées avec ce variant dans les pays de l’Espace économique européen (Union européenne plus Norvège, Islande et Liechtenstein) était jeudi de 79.
Après l’apparition de ce foyer présumé du variant Omicron, le gouvernement norvégien a annoncé jeudi une série de restrictions sanitaires à Oslo et dans sa région.
La ministre norvégienne de la Santé, Ingvild Kjerkol, avait alors qualifié la situation d' »inquiétante ».
« Cela indique que le virus contamine très facilement et que le vaccin ne protège pas bien contre les contaminations. Nous espérons et croyons que le vaccin protège contre les formes graves de la maladie mais on ne sait pas à quel point », avait-elle dit.
Depuis minuit, le port du masque – jusqu’alors seulement recommandé à l’échelle nationale – est obligatoire à Oslo et alentour dans les transports en commun, taxis, centres commerciaux et boutiques où la distanciation est impossible.
Le télétravail est aussi devenu la règle là où c’est possible, le nombre de personnes dans les événements privés en intérieur est plafonné à 100, et les clients des bars et restaurants doivent s’enregistrer, l’alcool devant leur être servi assis.
Digues vaccinales en danger
Repas de Noël généralement très arrosés et chers aux Norvégiens, les « julebord » – comme celui suspecté d’avoir débouché sur le nouveau foyer d’infection – ne sont pas interdits mais plusieurs institutions et entreprises ont annulé les leurs.
S’il est trop tôt pour tirer des conclusions de l’épisode d’Oslo, la transmissibilité apparemment élevée du variant Omicron inquiète les spécialistes.
« Ce que l’on voit, c’est qu’Omicron se propage très rapidement et très largement, malgré la vaccination. C’est une information consternante dans le cours de cette pandémie », explique l’épidémiologiste français Antoine Flahault.
Même dans une Europe où les gens sont assez largement vaccinés – 88% de la population adulte l’est en Norvège –, « cela peut laisser craindre que les digues vaccinales contre la progression du nouveau variant, risquent de ne pas tenir », dit-il.
Du point de vue génétique, le variant Omicron possède un nombre de mutations inédit, dont une trentaine dans la protéine spike, la clé d’entrée du virus dans l’organisme. Certaines peuvent être associées à une plus grande transmissibilité et à une baisse d’efficacité des vaccins.
Selon l’ECDC, le variant Omicron, d’abord détecté en Afrique du Sud, risque de devenir majoritaire en Europe d’ici « les tout prochains mois ».
La « julebord » de Scatec « est un événement typique de superpropagation », souligne Antoine Flahault. « Cela génère des risques importants, connus depuis le début de la pandémie, et elles devraient malheureusement être interdites en pleine période de vague épidémique ».
AFP/LQ