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Une arrestation mortelle ponctuée d’un salut nazi en 2018 à l’aéroport de Charleroi


Jozef Chovanec, un Slovaque, était tombé dans le coma après un arrêt cardiaque au cours de cette intervention (capture d'écran).

Le ministère belge de l’Intérieur a promis jeudi de faire toute la lumière sur une intervention policière « inacceptable » pour maîtriser un passager en 2018 à l’aéroport de Charleroi, au cours de laquelle une fonctionnaire en uniforme a effectué un salut nazi, a déclaré un porte-parole.

Un homme de nationalité slovaque, Jozef Chovanec, était tombé dans le coma après un arrêt cardiaque au cours de cette intervention et il était mort quelques jours plus tard à l’hôpital. L’affaire remonte à la nuit du 23 au 24 février 2018, quand ce passager sur le point d’embarquer à Charleroi pour un vol à destination de Bratislava avait été interpellé par la police et placé en cellule en raison d’un comportement agité.

Elle a refait surface mercredi car une séquence vidéo inédite a été diffusée par un média belge, à l’initiative de la veuve de la victime dénonçant la lenteur de la justice à déterminer les causes exactes du décès. Sur ces images de vidéosurveillance, on peut voir l’homme saignant abondamment du visage après s’être tapé la tête contre un mur, au bout de plusieurs heures de privation de liberté.

Il s’ensuit une intervention pour le maîtriser, puis le menotter, lors de laquelle l’un des fonctionnaires de la police fédérale (six au total interviennent) s’assoit sur l’homme plaqué à plat ventre sur un matelas. Certains semblent s’amuser de la situation et une policière, debout légèrement en retrait, effectue brièvement un salut hitlérien, toujours selon ces images d’une caméra placée dans la cellule.

Un comportement jugé «inacceptable» par le ministère de l’Intérieur

« Les images sont choquantes, le comportement des policiers est inacceptable », a déclaré Erik Eenaerts, porte-parole du ministre de l’Intérieur Pieter De Crem. Il a assuré que M. De Crem, à ce poste depuis décembre 2018, avait découvert ces images mercredi seulement, tout comme la direction de la police fédérale. « On a demandé à la police fédérale de faire la clarté à 100 % sur cet incident et de mener une enquête disciplinaire parallèlement à l’enquête judiciaire en cours », a ajouté le porte-parole.

Selon la procureure de Charleroi, Sandrine Vairon, une juge d’instruction avait été saisie de l’enquête dans la foulée de la plainte avec constitution de partie civile déposée le 27 février 2018 par la veuve de M. Chovanec. L’enquête a été ouverte pour « coups et blessures volontaires », car à ce moment-là M. Chovanec n’était pas décédé, a affirmé Mme Vairon.

« C’est un fait, monsieur est décédé, il y aura une requalification juridique,  c’est évident », a ajouté la procureure, sans préciser si des policiers avaient déjà été inquiétés dans l’enquête. Quant à la policière auteure du salut nazi, « elle a été déplacée et mise dans un service où elle ne rentre pas en contact avec le public », selon Erik Eenaerts.

Toujours est-il qu’une tête est tombée au plus haut niveau de la police. Le directeur général de la police fédérale, André Desenfants, a démissionné, a confirmé une source autorisée après des informations diffusées par Het Laatste Nieuws.

Le numéro deux de la police fédérale avait pris ses fonctions à la fin 2017, quelques semaines avant le décès de M. Schovanek. Il chapeaute notamment la police aéronautique, dont l’intervention est mise en cause dans cette affaire.

LQ/AFP