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Une année très chargée pour le pape


Avant le deuxième synode sur la famille en automne, où seront discutés les sujets qui font le plus débat au sein de l’Église catholique, l’agenda 2015 du pape François sera bien rempli.

Vatican Pope Christmas

L’année 2015 s’annonce chargée pour le Pape. (Photo : AP)

Voyages aux quatre coins du monde, une encyclique sur l’environnement, la réforme du gouvernement de l’Église, un nouveau synode sur la famille : l’année 2015 s’annonce chargée pour un pape intrépide qui déploie une activité tous azimuts. L’année démarrera sur les chapeaux de roue. Après avoir expliqué devant les ambassadeurs son succès dans la réconciliation cubano-américaine et sa vision de la «troisième guerre mondiale par morceaux» qu’il dénonce, le pape argentin, âgé de 78 ans, s’envolera pour une semaine au Sri Lanka et aux Philippines.

À Manille, l’attend une des plus grandes foules catholiques du monde. Ce sera une rencontre avec l’Asie, mosaïque de multiples religions, qui le fascine. Avec toujours le regard tourné vers l’immense Chine avec laquelle le Saint-Siège rêve un rapprochement. En février il convoque un consistoire, réunissant tous les cardinaux du monde, pour exposer sa réforme ardue de la Curie, le gouvernement central de l’Église, et créer une dizaine de nouveaux cardinaux. Cette réunion pourrait être tendue. Le pape a durement mis en garde la Curie dans ses vœux en décembre contre les «quinze maladies» qui la menacent – soif de pouvoir, arrogance, mondanité, corruption.

> Discours à l’ONU à New York

La réforme économique et financière du petit État, déjà bien engagée, devrait aller de l’avant, tout comme celles de son gouvernement et de sa communication, à peine entamées. Au printemps aussi est prévue la publication de son encyclique sur l’écologie humaine et l’environnement, un texte auquel il travaille depuis longtemps. On évoque même au Vatican l’idée d’un sommet interreligieux sur ces thèmes, à quelques mois de la conférence de Paris sur l’environnement, fin 2015. Aux évêques français mi-décembre, le pape a énuméré huit ou neuf voyages à l’étranger dans l’année, dont quatre ou cinq sont programmés. Ils n’ont pas révélé la liste. Un voyage aux États-Unis à l’occasion d’une rencontre mondiale des familles catholiques fin septembre à Philadelphie devrait être complété par des étapes à Washington et devant l’ONU à New York. Le discours de ce pape très populaire y est très attendu. Il devrait se rendre à l’occasion à la frontière mexicaine, où émigrent des centaines de milliers de «latinos» vers l’Amérique du Nord, et peut-être dans la foulée dans deux autres pays d’Amérique latine. Sont cités la Bolivie et le Salvador, où l’archevêque des pauvres assassiné en 1980, Mgr Oscar Romero, attend d’être béatifié.

>  » L’année de la Vie consacrée »

Il se rendra très probablement en Afrique, où il n’est pas encore allé. On parle de l’Ouganda, où il pourrait se rendre pour commémorer la canonisation de 22 martyrs, les premiers saints africains, par Paul VI en 1964. Des visites en Espagne, à Avila, ville de Sainte-Thérèse, une des seules femmes docteurs de l’Église, et en France – à Paris, au sanctuaire marial de Lourdes et dans une ville encore inconnue – sont au programme. Mais l’emploi du temps du pape est si chargé qu’il n’est pas impossible que la visite en France soit repoussée début 2016.

L’année du Vatican est aussi marquée par deux évènements importants pour l’Église. Depuis fin novembre se célèbre «l’année de la Vie consacrée», qui concerne quelque 710 000 religieuses et 55 000 religieux (non prêtres) dans le monde. Les problèmes sont nombreux (baisse des vocations, vieillissement, statuts, problèmes financiers) et plusieurs rassemblements et réunions devraient avoir lieu dans l’année avec le pape. L’enjeu est important car des religieux et religieuses dépend le dynamisme de milliers d’instituts, de centres sociaux, d’écoles, d’hôpitaux dans le monde. L’autre évènement sur lequel le pape François joue bien davantage sa popularité est le deuxième synode sur la famille, prévu à l’automne.

Un premier synode très agité en octobre dernier avait fait se confronter toutes les opinions des évêques sur les nombreux défis de la famille dans le monde moderne, y compris les sujets très délicats comme la place dans l’Église des divorcés remariés et des homosexuels, mais aussi la polygamie et les mariages interreligieux. Plusieurs étapes prépareront dans l’année ce synode, dont la discussion d’un questionnaire envoyé aux diocèses dans le monde ou le message du pape à la rencontre de Philadelphie. Ce sera au pape, à l’issue de ce synode, sans doute en 2016, de tirer ses conclusions en décidant ou non de réformes. Pour François, la réussite de ce synode sur la famille est la priorité numéro un.