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Une Allemande proposée à la tête de la Commission européenne


Ursula von der Leyen est l'actuelle ministre allemande de la Défense. (photo AFP)

Une ébauche de solution semblait se dessiner mardi sur les nominations au sommet de Bruxelles, après des heures de blocage, avec une nouvelle proposition qui verrait une ministre allemande de droite, Ursula von der Leyen, prendre la tête de la Commission européenne.

Selon une source européenne, qui précise qu’il ne s’agit encore que d’une option, cette solution permettrait d’ouvrir la voie à une Française, Christine Lagarde, pour prendre la tête de la Banque centrale européenne (BCE).

La chancelière allemande Angela Merkel « n’est pas contre » la candidature de l’actuelle directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI), a assuré cette même source.

Le nom de la ministre allemande de la Défense a été proposé par le président Emmanuel Macron, selon plusieurs sources. Âgée de 60 ans, Ursula von der Leyen a été plusieurs fois ministre et avait un temps été pressentie pour succéder à Angela Merkel. Cette proposition est susceptible de mettre un terme aux profondes divisions entre les dirigeants européens sur la nouvelle équipe amenée à diriger l’UE.

A côté du ticket von der Leyen/Lagarde, qui permettrait à la France et à l’Allemagne d’obtenir chacun un poste européen d’envergure, l’actuel Premier ministre libéral belge Charles Michel pourrait hériter de la présidence du Conseil européen, selon des sources européennes.

Le « groupe de Visegrad » fait barrage

Le poste de Haut représentant pour les Affaires étrangères serait confié au Slovaque Maros Sefcovic, un indépendant soutenu par les sociaux-démocrates, et la présidence du Parlement à la socialiste espagnole Iratxe Garcia.

Après une nuit de marchandages stériles entre dimanche et lundi, les 28 se sont promis de tomber d’accord pour éviter de prêter le flanc aux attaques des populistes en offrant l’image d’une Europe sans gouvernail. La multiplication des entrevues bilatérales depuis mardi matin a déjà repoussé de plus de quatre heures le début du sommet.

Dans la matinée, un compromis soutenu par l’Allemagne, la France, l’Espagne et les Pays-Bas, pourtant en passe de faire consensus ce week-end, semble avoir été définitivement enterré, selon deux sources proches des discussions. Il s’agissait de nommer le social-démocrate néerlandais Frans Timmermans à la Commission, l’Allemand Manfred Weber, chef de file du PPE (droite) au Parlement et un couple PPE-libéral pour le Conseil et le Haut représentant. Mais les pays de l’Est – le « groupe de Visegrad » – se sont frontalement opposés au Néerlandais, responsable, en tant que premier vice-président de la Commission, de procédures de sanctions contre la Pologne et la Hongrie pour des accusations de violations de l’État de droit. « Il n’aime pas nos régions », a lancé à son arrivée le président tchèque Andrej Babis, jugeant « inacceptable » cette nomination.

D’autres pays – Irlande, Lettonie, Croatie, selon une source européenne – ont rejeté cette combinaison conclue sans eux, signe que ces arrangements entre amis, fût-ce par le couple franco-allemand, ne suffisent plus pour emporter l’adhésion. « Tout le monde doit comprendre qu’il faut bouger un peu. Et je dis bien tout le monde », a déclaré Angela Merkel mardi.

Pas pire qu’en 2014

Le sommet avait été interrompu lundi à la mi-journée, avec un nouveau rendez-vous le lendemain matin, rare décision qui a contraint 28 chefs d’État et de gouvernement à chambouler leur agenda. Fatigué après une semaine au Japon, le président français Emmanuel Macron s’est emporté lundi contre cet « échec », conscient que cet aveu d’impuissance allait à l’encontre de son ambition d’une UE plus forte. « Cela donne une très mauvaise image de l’Europe, une image pas sérieuse », « pas crédible au plan international », a-t-il fustigé.

Le renouvellement de ces postes est rendu complexe par le morcellement du paysage politique européen. Les élections de mai ont vu le tandem PPE et social-démocrate perdre le contrôle de la majorité qu’il détenait au Parlement européen.

La situation n’est pas pire qu’en 2014, où il avait fallu trois sommets pour attribuer la présidence de la Commission à Jean-Claude Juncker (PPE) et celle du Parlement à Martin Schulz, chef de file des sociaux-démocrates. Un quatrième sommet fin août avait porté sur le poste de président du Conseil et de Haut représentant.

LQ/AFP