Le village pauvre de Kashkak, un ensemble d’habitations fragiles en terre séchée perchées sur un plateau poussiéreux de l’ouest de l’Afghanistan, n’est plus qu’un amas de débris, sous lesquels les habitants ont été ensevelis par le violent séisme de samedi.
Kashkak a été entièrement anéanti par le séisme de magnitude 6,3 et les huit fortes répliques qui ont frappé la région faisant plus de 2 000 morts au total, selon les autorités afghanes.
« Nous avons extrait des décombres plusieurs corps. Trois étaient des enfants en bas âge », raconte Amir Hussain, un sauveteur bénévole âgé de 33 ans qui a passé la nuit à fouiller les ruines dans l’espoir de retrouver des survivants. « Ils venaient juste de rentrer de l’école. L’un est mort dans la rue, les deux autres dans leur maison », ajoute-t-il.
Autour de lui, des hommes aux vêtements couverts de poussière fendent la terre sèche et couleur sable. Certains cherchent encore des corps enfouis sous les décombres, les autres creusent des tombes pour enterrer les morts. Un homme, chancelant sous le coup de l’émotion, est conduit dans le dédale des monticules de terre marquant l’emplacement des sépultures.
Les fossoyeurs improvisés s’arrêtent un instant pour le regarder passer, puis se remettent à leur tâche. « On nous dit que le bilan atteint les 170 morts », explique Maula Dad, un autre sauveteur bénévole.
Le gouvernement taliban a indiqué que 2 053 personnes avaient été tuées dans ce tremblement de terre « sans précédent », qui a détruit 1 300 habitations dans 13 villages de la province de Hérat.
« Il n’y a plus rien »
Le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a donné dimanche soir un bilan inférieur, de 1 023 morts, mais précisé que dans « 100 % des maisons » dans 11 villages étaient entièrement détruites.
La province d’Hérat doit déjà composer avec une large population de personnes déplacées par les deux dernières décennies de guerre outre une sécheresse qui la frappe depuis des années. Et l’Afghanistan dans son ensemble souffre du retrait généralisé de l’aide étrangère depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021.
De l’aide, sous forme de nourriture, eau, tentes et des cercueils pour les morts, a tout de même commencé à atteindre les villages affectés, malgré leur isolement. Sous une tente, des morceaux de pain sont distribués aux villageois. À proximité, des provisions sont déchargées de camions du Croissant-Rouge.
Des enfants errent parmi les gravats en terre séchée de ce qui était encore quelques heures plus tôt des habitations. Des effets personnels – sacs à dos, ustensiles de cuisine ou brosses à dents – en émergent.
Un homme marche sur ce qui était auparavant l’une des principales routes du village, tenant tendrement au creux des bras un paquet de la taille d’un enfant, enveloppé dans une couverture rouge. Non loin, une mère se lamente sur le sort des siens. « Tout le monde dans notre famille est à l’hôpital, je n’ai pas de nouvelles d’eux », dit Fatima, 40 ans. « Nous sommes tous finis, il n’y a plus rien. »