Un sexagénaire a ouvert le feu et fait au moins trois morts mercredi sur le campus de l’université de Las Vegas avant d’être tué par la police, une tragédie qui suscite l’émotion dans cette ville déjà victime d’un des pires massacres par armes à feu des Etats-Unis en 2017.
« Le décès de trois des victimes a été confirmé », a annoncé le shérif de Las Vegas, Kevin McMahill, face à la presse. Une autre personne a été blessée et se trouve dans un « état stable », a-t-il ajouté.
Les coups de feu ont été rapportés à la mi-journée sur le campus de l’Université du Nevada à Las Vegas, situé à environ deux kilomètres du fameux « strip », artère mondialement connue pour ses casinos.
Si l’identité du tireur n’a pas encore été officiellement révélée, l’homme était un universitaire sexagénaire dont les motivations restent inconnues pour l’instant, selon CNN et le Los Angeles Times, qui citent des sources proches du dossier.
Il a été très rapidement abattu lors d’une confrontation avec la police.
Des étudiants étaient rassemblés en extérieur et partageaient un repas lorsque l’attaque est survenue, et « d’innombrables vies supplémentaires auraient pu être fauchées » sans l’action rapide des forces de l’ordre, a affirmé le shérif.
Plusieurs agents, dont certains étaient hors service, sont intervenus « sans hésitation en quelques minutes », selon lui.
L’université a annulé ses cours et a demandé à tous les membres du campus de se confiner, le temps que la police évacue les bâtiments un à un pour écarter toute autre menace.
« Moment très difficile »
Les tirs ont provoqué la panique sur place. Plusieurs étudiants ont raconté aux médias locaux comment ils s’étaient abrités à l’intérieur des bâtiments pendant de longues minutes.
« Maintenant, nous devons essayer de nous remettre de ça et c’est triste », a déclaré un étudiant à la télévision locale KSNV.
« C’est un moment très difficile », a observé la maire de Las Vegas, Carolyn Goodman, en dénonçant la banalité de la violence par armes à feu aux États-Unis.
Ce drame rouvre également les plaies du massacre subi par Las Vegas en 2017, l’un des pires de l’histoire des États-Unis.
À l’époque, un homme avait tué 58 personnes et fait des centaines de blessés en ouvrant le feu sur la foule d’un concert de musique country, depuis le 32ᵉ étage d’un hôtel surplombant l’événement. Le tireur s’était suicidé.
Cette énième tragédie américaine ajoute encore au très lourd tribut payé par les États-Unis à cause de la prolifération des armes à feu sur leur territoire et leur facilité d’accès.
Le pays compte davantage d’armes individuelles que d’habitants : un adulte sur trois possède au moins une arme et près d’un adulte sur deux vit dans un foyer où se trouve une arme.
« Toujours » la même histoire
La récurrence de la violence par armes à feu « n’est pas normale, et nous ne pouvons pas laisser cela devenir normal », s’est indigné le président Joe Biden, en rappelant le triste bilan tenu par le site Gun Violence Archive.
« Rien que cette année », cette organisation qui fait référence aux États-Unis a recensé plus de 600 attaques ayant fait au moins quatre blessés ou morts, et 40 000 décès causés par des armes à feu – en majorité des suicides.
Le président démocrate a une fois de plus réitéré son appel à bannir les fusils d’assaut et mettre en place des contrôles réellement systématiques des antécédents des personnes souhaitant acheter une arme à feu.
Mais sans majorité au Congrès, où la Chambre des représentants est dominée par les républicains, cela reste un vœu pieux.
Malgré l’émotion provoquée par chaque tuerie, le droit à porter des armes à feu, garanti par la Constitution américaine, est un sujet brûlant qui divise profondément les progressistes et les conservateurs, qui en défendent une vision maximaliste.
De passage à Las Vegas pour un match de NBA, la superstar du basket LeBron James a exprimé sa lassitude face à la paralysie du pays.
« Nous sommes toujours confrontés à la même histoire, à la même conversation chaque fois que cela se produit », a soupiré le joueur des Los Angeles Lakers. « Il n’y a eu aucun changement, c’est ridicule. Continuer de perdre des vies innocentes n’a aucun sens, sur des campus, dans des écoles, des magasins, des cinémas, c’est ridicule. C’est même devenu plus facile de posséder une arme, c’est stupide. »