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Un rescapé des Panama Papers accède au pouvoir en Islande


C'est dans la douleur que ce conservateur de 46 ans, ministre des Finances sortant, pourtant mêlé au scandale des Panama Papers, s'est hissé jusqu'au pouvoir. (photo AFP)

Le nouveau Premier ministre islandais Bjarni Benediktsson, désigné mardi, a réussi à faire oublier le scandale des Panama Papers dans lequel il était mêlé, pour imposer son image d’homme du redressement économique et de la stabilité politique.

C’est dans la douleur que ce conservateur de 46 ans, ministre des Finances sortant, s’est hissé jusqu’au pouvoir.

En avril, son avenir paraissait très compromis quand les Panama Papers ont révélé qu’il avait eu des parts dans une société offshore aux Seychelles. Sa défense: il n’a jamais fraudé le fisc puisque ses projets d’investissement immobilier à Dubaï ne se sont pas concrétisés.

Pendant six jours consécutifs, des milliers de manifestants à Reykjavik ont réclamé bruyamment son départ. Les sondeurs prédisaient un raz-de-marée aux contestataires du Parti pirate, qui promettaient des réformes institutionnelles radicales et plus de transparence dans la vie publique.

Mais ce solide gaillard, issu de la grande bourgeoisie et père de quatre enfants, s’est accroché. Il a fait mieux: il a porté le Parti de l’indépendance en tête des législatives anticipées du 29 octobre 2016.

Avocat de formation, avant de s’essayer à la finance, il a commencé sa carrière politique comme parlementaire en 2003.

À l’approche des législatives de 2009, il a conquis la présidence du parti qui domine très nettement la vie politique depuis l’indépendance de l’Islande en 1944. Celui-ci est en piteux état, complètement discrédité par la crise qui a fait s’effondrer tout le système bancaire du pays l’année précédente.

Ce scrutin donne naissance au premier gouvernement de gauche de l’histoire islandaise. Bjarni Benediktsson pense déjà à la reconquête, remettant en ordre de marche une formation qui bénéficie toujours de ses liens étroits avec les milieux d’affaires, donc de moyens importants.

Les législatives de 2013 ont des airs de montagne russe: quelques semaines avant, une fronde interne le fait réfléchir à une démission. Le soir des élections, les sondeurs commencent par le donner en tête, mais l’élection se solde par la victoire de son partenaire de coalition, le Parti du progrès (centre-droit).

Bjarni Benediktsson devient alors numéro deux du gouvernement, en charge des Finances, et sera aux premières loges pour voir tomber dans la tourmente des Panama Papers le Premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson.

Pendant trois ans, son ministère se sera attelé à une tâche délicate: se défaire de l’héritage de la crise de 2008, ces contrôles de capitaux mis en place pour éviter à l’île de se vider de ses liquidités.

Dopée par un tourisme florissant, l’économie se redresse au-delà de toutes les prévisions. Le chômage disparaît pratiquement. Les électeurs lui en seront reconnaissants, lui confiant le pouvoir avec de nouveaux partenaires centristes.

Le Quotidien / AFP