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Un régiment tchétchène demande à Poutine des «ordres» face à un journal indépendant


Situation très compliquée en Tchétchénie, quant à la liberté de la presse (photo d'illustration : AFP).

Un régiment des forces spéciales tchétchènes a demandé au président russe Vladimir Poutine des « ordres » pour se défendre des « attaques abominables » du journal indépendant Novaïa Gazeta qui documente notamment les exécutions extrajudiciaires en Tchétchénie.

Le journal a publié lundi le témoignage d’un ancien membre de ce régiment d’élite portant le nom d’Akhmad Kadyrov, le père assassiné du dirigeant actuel Ramzan Kadyrov, sur des exactions commises dans la république russe du Caucase.

Il y affirme que l’unité avait participé à l’arrestation de centaines d’habitants de Tchétchénie en 2017 et était impliquée dans les meurtres d’au moins une dizaine d’entre eux.

Dans une adresse vidéo à Vladimir Poutine publiée mercredi soir sur la page Instagram du régiment, ses hommes y demandent au président russe « de prêter attention aux attaques abominables du journal de ‘fakes’ qu’est Novaïa gazeta ».

« Une vraie guerre d’information est en cours contre notre régiment, et Novaïa gazeta est son mégaphone principal (…) tenu par les services spéciaux occidentaux », ont-ils affirmé, en comparant les activités de ses journalistes à celles des « terroristes internationaux ».

« Nous sommes prêts à exécuter vos ordres, quels qu’ils soient », proclament-ils. « Nous avons l’habitude à combattre les ennemis de la Russie sur un champ de bataille », proclament-ils encore.

Créée en 1993, la Novaïa Gazeta est régulièrement la cible d’intimidations, d’attaques et de meurtres.

Attaque concrète

Lundi, jour de la publication de l’entretien en question, Novaïa Gazeta a affirmé qu’une substance chimique inconnue avait été déversée à Moscou à l’entrée de sa rédaction.

Par le passé, plusieurs de ses journalistes ont été assassinés.

La plus célèbre, Anna Politkovskaïa, spécialisée dans la couverture du conflit en Tchétchénie, a été tuée par balles devant à son domicile en 2006.

Cinq hommes, dont quatre Tchétchènes, ont été condamnés à de lourdes peines pour cet assassinat, mais le commanditaire n’a jamais été identifié par la justice.

Ces dernières années, le journal a publié plusieurs enquêtes sur les agissements de groupes de mercenaires russes ou encore les persécutions des minorités sexuelles en Tchétchénie.

Le journal, qui paraît trois fois par semaine, est détenu par sa rédaction, l’homme d’affaires Alexandre Lebedev et le dernier dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev.

AFP