L’opposant algérien Rachid Nekkaz, qui a tenté d’être candidat à l’élection présidentielle en Algérie, a été interpellé vendredi par la police à l’intérieur de l’hôpital de Genève où est soigné le président Abdelaziz Bouteflika.
« Je vous confirme l’interpellation de M. Nekkaz qui est actuellement auditionné dans les locaux de la police puisqu’il fait l’objet d’une plainte pour violation de domicile », a déclaré Joanna Matta, la porte-parole de la police genevoise. Elle a expliqué que la direction des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) a porté plainte après que Rachid Nekkaz a pénétré dans l’hôpital malgré plusieurs mises en garde.
Homme d’affaires né en France, Rachid Nekkaz, 47 ans, a organisé en fin de matinée une manifestation avec une centaine de ses partisans devant les HUG, où a été admis le 24 février le chef de l’État algérien âgé de 82 ans, pour des examens médicaux.
« J’ai décidé de venir ici à Genève devant l’hôpital où est censé être hospitalisé le président et candidat algérien Abdelaziz Bouteflika (…) alors que le monde entier et l’Algérie toute entière sait qu’il n’est plus de ce monde », a-t-il déclaré.
«40 millions d’Algériens veulent savoir où est le président»
« Il y a 40 millions d’Algériens qui veulent savoir où est le président », a-t-il poursuivi. « Le peuple algérien ne veut plus être manipulé par un pouvoir mafieux qui instrumentalise le nom du président, qui instrumentalise l’image du président, pour pérenniser son pouvoir et pérenniser leurs privilèges. »
Abdelaziz Bouteflika a subi un grave AVC en 2013 et est depuis très diminué. L’annonce de sa candidature pour un cinquième mandat a déclenché des manifestations de protestation dans toute l’Algérie.
Rachid Nekkaz, omniprésent sur les réseaux sociaux – il filme en direct sur son compte Facebook toutes ses interventions – avait annoncé la veille qu’il voulait aller se rendre compte lui-même de la présence du président algérien au 8e étage des HUG, réservé aux VIP.
Vers 12h30, il a brusquement quitté le groupe de ses partisans et est entré en trombe à l’intérieur de l’hôpital, tout en continuant à se filmer. La vidéo s’est interrompue lorsqu’il s’est présenté à l’accueil de l’établissement.
L’homme d’affaires sulfureux, qui a fait fortune dans les start-up et l’immobilier, draine des foules de jeunes enthousiastes partout où il passe en Algérie. Mais son dossier de candidature à l’élection présidentielle du 18 avril a été rejeté car il possédait jusqu’à encore récemment la nationalité française. Or la loi prévoit notamment qu’un candidat ne doit jamais « avoir possédé une autre nationalité » qu’algérienne.
Il a trouvé un subterfuge en présentant à sa place son cousin mécanicien, qui vit en Algérie et possède les mêmes nom et prénom.
AFP