Des personnes âgées « rationnées », abandonnées dans leurs excréments ou laissées sans soin pendant des jours : la parution d’un livre-enquête dénonçant l’obsession de la rentabilité au sein du groupe privé de maisons de retraite Orpea a entraîné lundi une chute brutale de son cours à la Bourse de Paris.
Le titre du groupe français, gestionnaire de cliniques privées et de maisons de retraite, a perdu plus de 16%, avant que sa cotation ne soit suspendue, à la demande de la société. Orpea a contesté lundi après-midi dans un communiqué l’ensemble des accusations, qu’il considère « mensongères, outrageantes et préjudiciables ».
Le groupe est mis en cause dans le livre « Les Fossoyeurs », du journaliste Victor Castanet, à paraître mercredi chez Fayard, et dont Le Monde a publié lundi les « bonnes feuilles ».
L’auteur y décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont « rationnés » pour améliorer la rentabilité de l’entreprise. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort.
Une auxiliaire de vie, dont l’auteur a recueilli le témoignage, raconte par exemple à quel point elle devait « se battre pour obtenir des protections » pour les résidents.
« Nous étions rationnés : c’était trois couches par jour maximum. Et pas une de plus. Peu importe que le résident soit malade, qu’il ait une gastro, qu’il y ait une épidémie. Personne ne voulait rien savoir », raconte cette femme dans « Les Fossoyeurs ».
Orpea juge ces attaques « violentes »
Le livre revient également sur les conditions de la mort de l’écrivaine Françoise Dorin en janvier 2018, des suites d’une escarre mal soignée, moins de trois mois après son entrée dans un des établissements du groupe Orpea.
« De telles attaques ne sont malheureusement pas nouvelles, mais sont extrêmement violentes dans un contexte où nos équipes sont encore plus mobilisées depuis deux ans par la crise sanitaire », déplore Orpea, qui indique avoir saisi ses avocats pour donner « toutes les suites, y compris sur le plan judiciaire », à la publication du livre afin « de rétablir la vérité des faits ».
La tempête boursière déclenchée par la parution de cet ouvrage a également touché d’autres groupes privés gérant des maisons de retraite : au cours de la séance, le titre Korian a perdu plus de 14% et celui de LNA santé plus de 5%, dans un marché globalement en très forte baisse de près de 4%.
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter quotidienne.
Très heureux que l’on commence à s’interesser au sujet, il n’est ni nouveau, ni surprenant. Orpea se fait aujourd’hui prendre la main dans le sac car ils ont vraiement dépassé les bornes. Mais qu’en est-ils de leurs confrères (Dolcea, Colysee, …). Aucun contrôle n’est effectué. L’ARS, poussée dans ses retranchements par les familles, ne sait articuler « que cette Ehpad n’est pas pire que d’autres ». L’attention est focalisée aujourd’hui sur Orpea, elle doit s’étendre sur l’ensemble des Ehpad privées, qui ont délibérémment choisi de privilégier les actionnaires, au détrimment des résidents !