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Un joaillier genevois à la recherche d’un saphir volé


Un saphir examiné par un visiteur lors d'une exposition le 5 septembre 2012 à Colombo. (Photo : AFP)

Lorsque le joaillier genevois Ronny Totah a vu en novembre dernier dans un catalogue d’enchères un saphir du Cachemire estimé à 12 millions de dollars, son sang n’a fait qu’un tour.

Le beau saphir, photographié dans le catalogue de la maison Phillips, était, il en est convaincu, une pierre que sa joaillerie a possédée et qui a été volée il y a plus de 20 ans dans un grand hôtel de Milan (Italie). «J’ai regardé le certificat, et je me suis dit, c’est lui, c’est lui», a-t-il déclaré dans un interview la semaine dernière.

Tout a commencé en 1996, lorsque les joailliers Horowitz&Totah (H&T) ont donné aux enchères un bracelet signé Cartier orné d’un saphir du Cachemire de 65,16 carats. Le 14 novembre 1996, la maison d’enchère Antiquorum, en charge de la vente prévue à Genève a présenté ses plus belles pièces à Milan.

Selon le journal suisse Le Temps, quelque 50 personnes étaient dans la salle d’exposition lorsque le bracelet a subitement disparu. Les joailliers H&T ont reçu de leur assurance un chèque de 1,8 million de dollars à titre de dédommagement, soit le montant qu’ils espéraient de la vente.

Jusqu’à novembre 2015, Ronny Totah n’avait plus entendu parler de ce saphir, dont il n’est plus propriétaire depuis que l’assurance l’avait remboursé. Le joaillier n’a pas vu la pierre censée être vendue aux États-Unis mais a étudié avec attention son certificat.

Considérant qu’il «n’y a aucune pierre avec cette origine, ce poids et cette taille, il est très probable qu’il s’agit du saphir volé», a-t-il dit. La pierre est légèrement plus petite que celle qui a été volée, mais selon le joaillier cela n’est pas étonnant car les voleurs de bijoux retaillent souvent les gemmes avant de les revendre.

Le joaillier genevois a contacté la maison Phillips pour lui faire part de ses doutes, et a prévenu son assurance, désormais propriétaire légitime de la pierre. Lorsque l’assurance a contacté Phillips, elle a appris que le saphir avait été retiré de la vente et rendu à son propriétaire, dont le nom n’a pas été divulgué, à New York.

Fâchée par cette nouvelle disparition, l’assurance a engagé l’avocat new-yorkais Owen Carragher pour l’aider à retrouver la pierre.

Plainte déposée à New York

Une plainte a été déposée à New York, selon laquelle l’avocat a découvert qu’une société appelée Auction House 43, basée dans le quartier des diamantaires de New York, avait donné le saphir en vente à Phillips. La société appartient à Boris Aronov, qui contrôle d’autres sociétés toutes domiciliées à la même adresse, dont une s’appelle Modern Pawn Broker.

La plainte indique que Modern Pawn Broker a reçu le saphir et d’autres bijoux d’un homme appelé Rafael Koblence en 2011, en gage d’un prêt de 3,75 millions de dollars. Koblence, qui selon le journal Le Temps était en fait un partenaire d’Aronov, n’a pas remboursé le prêt, assorti d’un taux d’intérêt annuel de 60%. Du coup, Modern Pawn Broker a décidé de vendre le saphir aux enchères.

L’avocat Carragher a reçu le 23 décembre un ordre de justice intimant à Modern Pawn Broker de présenter le saphir pour examen et interdisant tout transfert ou vente de la pierre. Modern Pawn Broker dispose d’un recours jusqu’au 29 janvier pour s’opposer à cette décision de justice.

Quand l’AFP s’est rendue récemment à l’adresse de cette société, qui est un petit magasin situé dans la 47e Rue à New York, le personnel a refusé de répondre aux questions concernant la procédure en cours.

AFP/M.R.

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