Le grand rabbin de Pologne s’est indigné mercredi de l’attitude favorable du pouvoir conservateur à l’égard d’une unité clandestine nationaliste accusée d’avoir collaboré avec les nazis.
Il a notamment déploré que des cérémonies – organisées par le ministre des Anciens combattants sous le patronage du président Andrzej Duda – se tiennent à l’occasion du 75e anniversaire de la création de Brygada Swietokrzyska (Brigade des montagnes de la Sainte Croix).
Le grand rabbin a rejeté l’invitation du ministre Jan Kasprzyk à ces cérémonies, et a fait suivre sa réponse à la présidence.
« L’organisation de ces cérémonies est une insulte à la mémoire de tous les citoyens polonais tués dans la lutte contre les Allemands. Je considère comme une insulte personnelle le fait d’être invité à y participer. Shalom. Michael Schudrich », a-t-il dit dans une déclaration citée par le quotidien Gazeta Wyborcza. Le patronage présidentiel, annoncé la semaine dernière, a provoqué des vives critiques en Pologne.
Brygada Swietokrzyska a fait partie de Forces armées nationales (NSZ), importante organisation militaire clandestine ultranationaliste et anticommuniste qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, a combattu les nazis, mais également l’Armée rouge et la résistance anti-allemande communiste polonaise.
Après l’entrée de l’Armée rouge en Pologne, cette brigade, qui comptait à l’époque entre 850 et 1 400 hommes, a refusé de se joindre à la principale organisation clandestine, l’Armée de l’Intérieur (AK), et a entamé une collaboration avec les nazis contre l’URSS, avant de se réfugier finalement en Allemagne.
Pour Michael Schudrich, les NSZ, ouvertement anticommunistes, « tuaient des Allemands, des Russes et des juifs ». « Il y a beaucoup d’autres héros polonais, nous n’avons pas besoin de choisir ceux qui ont tué d’autres Polonais, et dans ce cas-là, nombre de gens de religion juive », a-t-il dit, évoquant « un certain niveau de collaboration » de la Brigade avec les Allemands, et qualifiant les cérémonies de « révisionnisme historique dangereux ».
En février 2018, le Premier ministre conservateur, Mateusz Morawiecki, a été le premier responsable polonais à déposer des fleurs sur les tombes des soldats de la Brigade près de Munich, provoquant un tollé en Pologne et en Israël.
AFP