Une personne a été tuée samedi dans un attentat à la voiture piégée contre le consulat italien au Caire, le premier contre une mission diplomatique depuis qu’a débuté il y a deux ans une vague d’attaques jihadistes en Egypte.
La déflagration, survenue aux environs de 06h30 locales (04h30 GMT), a soufflé une partie de la façade du consulat, laissant apparaître l’intérieur du bâtiment, situé au cœur de la capitale.
Un civil est mort et quatre personnes ont été blessées dans l’explosion, a indiqué le porte-parole du ministère de la Santé Hossam Abdel Ghaffar. Des sources médicales avaient auparavant indiqué que deux policiers en faction devant le consulat et trois passants avaient été blessés.
L’agence de presse officielle Mena a affirmé qu’une voiture piégée était à l’origine de l’attentat.
Le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, a immédiatement réagi en affirmant que son pays ne se laisserait « pas intimider ». Il a précisé que l’attaque n’avait pas fait de victime italienne.
Depuis la destitution par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013, des groupes jihadistes ont multiplié les attentats visant les forces de l’ordre, tuant des centaines de policiers et de soldats.
Mais des diplomates avaient récemment indiqué que la police les avait avertis que les ambassades pourraient être prises pour cible.
Samedi, les abords du consulat étaient inondés après l’explosion d’une canalisation d’eau dans l’attentat, tandis que les débris d’une voiture étaient éparpillés aux alentours. Un kiosque de police en bois à l’extérieur du consulat était aussi entièrement détruit.
Le consul s’est rendu dans le bâtiment pour inspecter les dégâts, refusant de parler à la presse.
Loi antiterroriste controversée
Les attentats les plus meurtriers ayant touché l’Egypte ces deux dernières années ont été perpétrés dans le nord de la péninsule du Sinaï.
Ils sont généralement revendiqués par la branche égyptienne du groupe Etat islamique (EI), qui a lancé le 1er juillet des attaques sans précédent contre l’armée, faisant des dizaines de mort. L’armée a fait état de 21 soldats tués dans ces violences.
Mais Le Caire et les villes du Delta du Nil ne sont pas épargnées par les attaques. Le 29 juin, le procureur général avait été assassiné dans la capitale dans un spectaculaire attentat à la bombe.
Après ces attentats, le président Abdel Fattah al-Sissi, l’ex-chef de l’armée architecte de la destitution de M. Morsi, avait promis une législation plus dure pour « lutter contre le terrorisme ».
Son gouvernement avait alors approuvé un projet de loi anti-terroriste, qui n’a pas encore été promulgué après le tollé provoqué auprès des journalistes et des défenseurs des droits de l’Homme.
L’article 33 préconise deux ans de prison au minimum pour publication « de fausses informations sur des attaques terroristes qui contredisent les communiqués officiels ». Confronté aux critiques, le gouvernement a fait savoir qu’il pourrait revoir le texte.
Les groupes jihadistes disent agir en représailles à la sanglante répression qui s’est abattue sur les pro-Morsi, et dans laquelle plus de 1.400 personnes, en majorité des manifestants islamistes, ont été tuées.
Des dizaines de milliers de personnes ont par ailleurs été emprisonnées, tandis que des centaines ont été condamnées à mort dans des procès de masse expéditifs.
Les organisations internationales de défense des droits de l’Homme accusent régulièrement M. Sissi d’avoir instauré un régime plus répressif encore que celui de Hosni Moubarak, renversé en 2011 par une révolte populaire.
Mais les puissances occidentales, qui après l’éviction de M. Morsi avaient dénoncé la répression ciblant l’opposition en Egypte, affichent désormais leur soutien aux autorités, M. Sissi se posant en fer de lance de la lutte contre le jihadisme dans la région.
AFP