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Un an après l’attaque de Berlin: regrets, critiques et hommages


Il y a un an, l'attaque a tué 12 personnes (photo: AFP)

Le président allemand a reconnu mardi, à l’occasion du premier anniversaire de l’attentat du marché de Noël de Berlin, que l’État avait failli dans sa mission de soutien aux victimes et admis des négligences avant l’attaque.

La chancelière Angela Merkel avait été critiquée pour son manque d’empathie ces dernières semaines par une partie des proches des 12 morts et de la centaine de blessés. Elle les a reçus pour la première fois lundi après la publication début décembre d’une lettre ouverte très critique.

« La vérité, c’est aussi que le soutien (aux victimes) est arrivé trop tard et était insuffisant », a souligné le président Frank-Walter Steinmeier lors d’une cérémonie fermée à la presse dans l’église du Souvenir, mitoyenne du lieu de l’attentat.

« Sachez que vos expériences, vos plaintes et vos mises en garde ont été entendues (…) le 19 décembre 2016 a imposé un devoir aux responsables politiques: nous devons tirer au clair les négligences et apprendre de nos erreurs », a ajouté ce social-démocrate respecté, selon le texte du discours distribué aux médias.

Le ministre de la Justice, Heiko Maas, a lui présenté des excuses dans une tribune parue dans la presse.

Ces propos tranchent avec ceux d’Angela Merkel la veille qui avait jugé que les autorités « avaient clairement exprimé (leur compassion) de différentes manières ».

Taxis au frais des victimes

Selon Kurt Beck, auteur d’un rapport officiel très critique sur le traitement des victimes de cet attentat, la chancelière a cependant su « détendre la situation » lors de la rencontre de lundi.

L’attaque du marché de Noël revendiquée par le groupe État islamique (EI) est l’attentat le plus sanglant jamais commis sur le sol allemand.

Pourtant aucun hommage national n’a été organisé. Le rapport de Kurt Beck a aussi critiqué la faiblesse des indemnisations et des maladresses administratives choquantes comme l’envoi aux familles d’injonctions de paiement pour les autopsies des défunts.

Dernier exemple du genre, rapporté par le quotidien Bild mardi, la mairie de Berlin a signifié dans l’invitation faite aux proches et aux blessés de venir aux commémorations mardi que « le coût d’un taxi ne sera pas remboursé ! Les transports en commun doivent être utilisés ».

De quoi nourrir la rancœur des intéressés, qui ont appris aussi ces derniers mois de diverses commissions d’enquêtes que le Tunisien Anis Amri aurait pu être arrêté avant son passage à l’acte.

« Ils veulent économiser de l’argent, tout ça est très froid. Ils n’ont même pas essayé de nous écouter, de comprendre nos besoins », assène Bild Yaron, beau-frère de Dalia Elyakim, une Israélienne tuée par le poids-lourd.

« Je m’attendais à plus de générosité, surtout que maintenant il est établi que les autorités, l’État ont commis des erreurs flagrantes », juge, selon la même source, une blessée dans l’attentat identifiée comme Silvia B.

Cicatrice dorée

Longtemps sous surveillance policière, l’auteur de l’attaque était resté en liberté, bien que catalogué comme islamiste dangereux et trafiquant de drogues.

Arrivé en Allemagne en 2015 après une peine de prison en Italie, le jeune homme avait profité du chaos administratif provoqué par l’afflux de centaines de milliers de migrants cette année-là pour déposer moult demandes d’asiles et obtenir autant de titres de séjour provisoires sous diverses identités.

La journée de commémorations de mardi sera marquée par plusieurs cérémonies sur la place abritant le marché de Noël, le Breitscheidplatz.

Angela Merkel doit inaugurer à la mi-journée un mémorial devant la célèbre église du Souvenir dont le clocher partiellement détruit pendant la Seconde guerre mondiale surplombe la place.

Le monument forme une longue déchirure dorée de 14 mètres de long sur les escaliers menant à l’église, rappelant une cicatrice.

Dans la soirée, une prière œcuménique est prévue, puis à 20 h 02, heure précise de l’attentat, une mer de bougies sera allumée.

Dans un récent entretien, le patron du Renseignement intérieur, Hans-Georg Maassen, a souligné que le pays n’était pas à l’abri d’une nouvelle attaque, alors que quelque 1.900 individus y sont suspectés de liens avec la mouvance jihadiste.

Le Quotidien/ AFP