Dix immigrés clandestins ont trouvé la mort dans la remorque surchauffée d’un camion, après avoir désespérément tambouriné contre les parois pour obtenir de l’aide: un homme a été inculpé lundi par la justice américaine pour avoir acheminé des étrangers en situation irrégulière.
La plainte déposée par les autorités devant un tribunal fédéral de San Antonio (Texas, sud) fait état de conditions de voyage épouvantables pour ces migrants: difficultés à respirer, évanouissements, etc.
«Les gens ont frappé sur la paroi du camion et ont fait du bruit pour attirer l’attention du chauffeur. Il ne s’est jamais arrêté», a témoigné un migrant, identifié par les initiales J.M.M-J. «Il y avait un trou dans la remorque, les gens se relayaient à tour de rôle pour respirer», a ajouté ce Mexicain. Le ministère mexicain des Affaires étrangères a déclaré lundi que 25 Mexicains se trouvaient à bord du camion et que quatre étaient morts. Les 21 autres restent hospitalisés, a indiqué le ministère.
Les Mexicains ont été placés dans la remorque du camion, où se trouvaient déjà entre 70 et 200 migrants. Quand les portes du véhicule ont été ouvertes par les autorités dimanche peu après minuit, elles ont trouvé 38 personnes à l’intérieur, mais plusieurs avaient pris la fuite auparavant. La remorque, sans climatisation, était garée sur le parking d’un supermarché de San Antonio, à deux heures de la frontière mexicaine.
Huit personnes étaient mortes
Trente personnes ont été hospitalisées, dont deux sont ensuite décédées. Plus d’une quinzaine d’entre elles – dont deux enfants – se trouvaient lundi dans un état critique, souffrant de coup de chaleur et de déshydratation. Une autre personne a par la suite été retrouvée, en vie, dans des bois adjacents. James Matthew Bradley Jr, le conducteur âgé de 60 ans et originaire de Floride (sud-est), a été inculpé par un procureur fédéral dans cette affaire à laquelle pourrait être mêlé le cartel de la drogue mexicain des Zetas.
Selon la loi fédérale, s’il est reconnu coupable, il risque la prison à perpétuité ou la peine de mort. L’alerte a été donnée lorsqu’un des clandestins a demandé de l’eau à un employé tôt dans la nuit dimanche. Ce dernier s’est exécuté et a également appelé la police.
65°C
Les services de l’immigration pensent qu’une centaine de personnes se trouvaient dans cette remorque, où la température a pu grimper jusqu’à 65 degrés Celsius, mais que la plupart d’entre elles se sont échappées. Un témoin a notamment signalé que des migrants étaient entrés dans six SUV noirs qui attendaient le camion sur le parking. Selon le témoignage de J.M.M-J, son passeur lui avait signalé que «des gens liés aux Zetas» faisaient traverser la frontière américaine aux clandestins. Et qu’une fois arrivé aux États-Unis, il devrait payer 5 500 dollars.
Le chauffeur du poids-lourd a été trouvé par la police dans la cabine du camion. Il a affirmé ne pas avoir remarqué qu’il transportait une centaine de personnes dans sa remorque jusqu’à ce qu’il s’arrête sur le parking du supermarché. C’est alors qu’il a remarqué «des bruits et de l’agitation», selon le procureur. La durée du trajet n’a pas été déterminée à ce stade. L’homme de 60 ans s’est défendu en expliquant avoir conduit son camion depuis l’Iowa (centre) vers le Texas, et avoir essayé d’aider les personnes retenues dans sa remorque quand il les a découvertes. Il n’a cependant pas appelé le service d’urgence.
Tous les noms et nationalités des victimes n’ont pas été rendus public, mais des Mexicains et Guatémaltèques ont été identifiés. Le ministre guatémaltèque des Affaires étrangères a ainsi appris qu’un homme de 20 ans, Frank Fuentes, figurait parmi les morts.
Le Quotidien/AFP