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Ukraine : poursuite des hostilités malgré le cessez-le-feu annoncé par Moscou


Un habitant de Bakhmout marchant à côté de sa bicyclette, ce vendredi matin. (photo AFP)

Des duels d’artillerie se poursuivaient vendredi à Bakhmout, épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine, et des bombardements ailleurs dans le pays, malgré l’annonce par Moscou d’un cessez-le-feu unilatéral de 36 heures, dénoncé comme une manœuvre par Kiev et ses alliés occidentaux.

Des journalistes de l’AFP ont entendu des tirs côté ukrainien comme côté russe après le début du cessez-le-feu dans cette ville aux rues en grande partie détruites et désertées, mais leur intensité était moindre par rapport aux jours précédents.

Des dizaines de civils étaient rassemblés dans un bâtiment servant à la distribution de l’aide humanitaire, où des bénévoles ont organisé une célébration de Noël, distribuant des mandarines, des pommes et des biscuits, une heure avant l’entrée en vigueur à 10 h de la trêve russe.

Pavlo Diatchenko, un policier de Bakhmout, a assuré que la trêve était une « provocation » russe qui n’aiderait pas les civils de la ville. « Ils sont bombardés jour et nuit et quasiment chaque jour, il y a des personnes tuées », dit-il.

L’armée russe a assuré respecter sa trêve, mais a accusé les troupes ukrainiennes de « continuer à bombarder les villes et les positions russes ».

Le chef adjoint de l’administration présidentielle ukrainienne, Kyrylo Tymochenko, a rapporté deux frappes russes sur Kramatorsk (est) ayant touché un immeuble résidentiel sans faire de victimes. Plus tôt, avant la trêve, il avait évoqué un bombardement russe sur Kherson (sud).

Dans la région de Lougansk (est), les autorités locales ont rapporté 14 tirs d’artillerie et trois assauts russes avec des civils « restant toute la journée dans leurs caves ».

Les autorités séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine ont, pour leur part, fait état de plusieurs bombardements ukrainiens sur leur bastion de Donetsk avant et après l’entrée en vigueur théorique du cessez-le-feu, annoncé la veille par le président Vladimir Poutine.

« Hypocrisie » du Kremlin 

Paraissant se plier à un appel du patriarche orthodoxe russe Kirill, mais aussi à une proposition du chef de l’État turc Recep Tayyip Erdogan avec lequel il s’était entretenu, M. Poutine avait demandé jeudi à son armée d’observer un « cessez-le-feu sur toute la ligne de contact entre les parties à partir de 10 h le 6 janvier jusqu’à 22 h le 7 janvier », qui correspond au 25 décembre, jour de Noël, dans le calendrier julien toujours suivi par l’Église orthodoxe russe.

L’Ukraine a cependant mis en doute la sincérité de l’initiative russe, y voyant un « acte de propagande ». Selon son président Volodymyr Zelensky, il s’agit d’une « excuse dans le but d’au moins arrêter l’avancée de nos troupes dans le Donbass et d’apporter équipements, munitions, et rapprocher des hommes de nos positions ».

Vladimir Poutine avait lui appelé les forces ukrainiennes à respecter cette trêve afin de donner la possibilité aux orthodoxes, la confession majoritaire en Ukraine comme en Russie, d' »assister aux offices la veille de Noël, ainsi que le jour de la Nativité du Christ ».

Le chef du Kremlin « était prêt à bombarder des hôpitaux, des crèches et des églises (…) le 25 décembre et lors du nouvel an », avait relevé jeudi le président américain Joe Biden, jugeant que Vladimir Poutine cherchait juste « à se donner de l’air ».

« La réponse qui nous vient à tous à l’esprit, c’est le scepticisme face à tant d’hypocrisie », a abondé vendredi le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell.

Paris a dénoncé une « tentative grossière de la part de la Russie de masquer sa responsabilité, alors qu’elle continue de multiplier les exactions et de bombarder sans relâche l’ensemble du territoire ukrainien ».

Ce cessez-le-feu « ne fera rien pour faire avancer les perspectives de paix », a réagi le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly, réclamant un retrait des forces russes.

Une telle trêve n’apportera « ni liberté ni sécurité » en Ukraine, a abondé la diplomatie allemande.

40 blindés allemands 

Vladimir Poutine avait assuré jeudi que la Russie était prête à un « dialogue sérieux » avec l’Ukraine à condition que celle-ci se plie aux exigences russes et accepte les « nouvelles réalités territoriales », soit l’annexion revendiquée par Moscou en septembre de quatre régions ukrainiennes.

Volodymyr Zelensky insiste, lui, pour un retrait total des forces russes de son pays, Crimée comprise, avant tout dialogue avec Moscou. Dans le cas contraire, il promet de reprendre par la force les territoires occupés, avec l’appui des Occidentaux.

Les alliés occidentaux de Kiev viennent justement de débloquer la question des livraisons de blindés, indispensables pour une offensive ukrainienne.

L’Allemagne va envoyer à l’armée ukrainienne 40 blindés « Marder » au premier trimestre 2023, a ainsi affirmé vendredi un porte-parole du gouvernement allemand, fournissant la première annonce de livraison concrète de ces équipements.

La France avait été la première à franchir le pas en annonçant mercredi la livraison prochaine de ses chars de combat légers AMX-10 RC, dont est dotée l’armée française.

Les quantités et les délais n’ont pas été précisés à ce stade.

Les États-Unis doivent pour leur part fournir des blindés d’infanterie, de type Bradley.

Berlin s’est aussi engagé à fournir une batterie de défense antiaérienne Patriot, comme l’a déjà fait Washington.