Kiev et l’OSCE espéraient signer samedi à Minsk une trêve avec les séparatistes prorusses de l’Est de l’Ukraine, où l’armée ukrainienne a subi des plus lourdes pertes en neuf mois du conflit avec 15 soldats tués en 24 heures.
Sur toute la ligne de front, 15 militaires ont été tués et 30 blessés au cours des dernières 24 heures. (Photo : AFP)
Les émissaires des républiques séparatistes de Donetsk et de Lougansk sont arrivés samedi à Minsk où vont avoir lieu les pourparlers de paix. L’ancien président ukrainien Léonid Koutchma, qui représente l’Ukraine dans ces pourparlers, est également arrivé samedi, ainsi que les représentants russe Mikhaïl Zourabov et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) Heidi Tagliavini.
Un porte-parole du ministère bélarusse des Affaires étrangères a confirmé l’ouverture imminente de ces pourparlers. La veille les rebelles avaient menacé en cas d’échec des négociations d’élargir leur offensive « jusqu’à la libération totale des régions de Donetsk et de Lougansk », dont une grande partie est toujours contrôlée par le gouvernement de Kiev.
> Noeud stratégique sous tension
A Kiev, le ministre de la Défense Stepan Poltorak a annoncé que 15 militaires avaient été tués et 30 blessés « sur toute la ligne de front » au cours des dernières 24 heures.
Il a par ailleurs dit que la ville stratégique de Debaltseve, qui relie les capitales rebelles de Donetsk et qui est en proie à des combats acharnés ces derniers jours, était désormais « en partie contrôlée par les groupes rebelles ».
Par la suite son ministère a publié un communiqué soulignant que « Debaltseve était sous contrôle des Ukrainiens », mais que les rebelles « bombardaient les environs de la ville ». Un responsable militaire séparatiste, Edouard Bassourine, a pour sa part affirmé que les rebelles avaient « encerclé » les troupes ukrainiennes, au nombre de 8 000 hommes, présentes à Debaltseve.
Plusieurs médias ukrainiens comparent d’ores et déjà la bataille de Debaltseve à la tragédie d’Ilovaïsk, où des troupes ukrainiennes ont été encerclées par les rebelles et où plus de 100 militaires ont été tués en août. L’armée ukrainienne a fait état samedi de combats à Vougleguirsk, dont la prise par les séparatistes signifierait un encerclement quasi-total de Debaltseve.
Selon le chef de la police régionale Viatcheslav Abroskine, Debaltseve et Vougleguirsk sont « privées d’électricité, d’eau, de chauffage et de communications ». Selon lui, 12 civils sont morts en 24 heures à Debaltseve d’où les « volontaires évacuaient des familles entières ».
Face à des violences qui ont atteint ces derniers jours des niveaux critiques, l’OSCE, qui participe aux pourparlers de paix, a déclaré qu’un « document contraignant sur un cessez-le-feu immédiat et le retrait des armes lourdes de la ligne de contact » devrait être signé samedi à Minsk où avaient été conclus les premiers accords de paix pour l’Est de l’Ukraine en septembre.
> Kerry à Kiev début février
Sur le front diplomatique, l’Ukraine va accueillir le 5 février le secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui apportera à Kiev « un soutien sans failles » dans le conflit dans l’est avant de se rendre à Munich pour la conférence sur la sécurité où il devrait rencontrer son homologue russe Sergueï Lavrov.
Son dernier déplacement en Ukraine date du 4 mars 2014, peu après la chute du régime prorusse et avant l’annexion de la Crimée par la Russie.
L’ambassadeur des Etats-Unis en Ukraine Geoffrey Pyatt a souligné que les Etats-Unis n’avaient « pas épuisé tous les moyens pour faire payer à la Russie le coût » pour son rôle dans le conflit ukrainien, dans un entretien à l’hebdomadaire ukrainien Dzerkalo Tyjnia paru samedi.
L’Union européenne a accru de son côté cette semaine sa pression sur la Russie pour son rôle dans la crise ukrainienne, en prolongeant de six mois les sanctions ciblées adoptées en mars contre des personnalités séparatistes prorusses et russes, et en élargissant la liste noire déjà longue de 132 personnes visées par un gel de leurs avoirs et une interdiction de voyager dans l’UE.
Elle s’est cependant abstenue de renforcer son arsenal de sanctions économiques, qui combinées avec la chute des cours du pétrole devraient plonger la Russie en récession cette année avec une chute de 3% du produit intérieur brut, selon les nouvelles prévisions du gouvernement russe publiées samedi.
Accusée d’armer la rébellion prorusse dans l’est de l’Ukraine et d’y avoir déployé des troupes, la Russie dément toute implication dans le conflit, qui a fait plus de 5 000 morts en neuf mois, et se pose en médiateur.
AFP
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