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Ukraine : Moscou et Washington s’écharpent à l’ONU


Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies réunis pour discuter de la situation entre la Russie et l'Ukraine à New York, ce lundi. (photo AFP)

La Russie et les États-Unis se sont déchirés ce lundi au Conseil de sécurité de l’ONU sur les troupes massées par Moscou près de l’Ukraine, les pays occidentaux intensifiant leurs efforts diplomatiques pour éviter un conflit militaire.

En marge de cette première réunion du Conseil sur la crise autour de l’Ukraine, le président Joe Biden a prévenu dans un communiqué que « si la Russie se détourne de la diplomatie et attaque l’Ukraine, (elle) en portera la responsabilité et subira des conséquences rapides et sévères ». La session du Conseil de sécurité s’est tenue à la demande des États-Unis après une tentative vaine de la Russie pour l’empêcher, dix pays sur les 15 membres du Conseil votant en sa faveur. Cette réunion est « une étape décisive pour amener le monde à parler d’une seule voix » sur cette crise, a estimé Joe Biden.

L’ambassadeur de la Russie aux Nations unies, Vassily Nebenzia, a d’emblée accusé Washington de chercher à « créer l’hystérie » et à « tromper la communauté internationale » avec des « accusations infondées ». Son homologue américaine Linda Thomas-Greenfield lui a rétorqué que le déploiement de plus de 100 000 militaires russes autour de l’Ukraine menaçait « la sécurité internationale ». Elle a accusé Moscou de vouloir déployer début février, « preuves » à l’appui, plus de 30 000 militaires supplémentaires au Bélarus, dont le régime est très proche du Kremlin.

Vassily Nebenzia et son homologue du Bélarus, Valentin Rybakov, ont souligné qu’il s’agissait « d’exercices militaires conjoints » qui se tiendraient en février. « Nous avons des entraînements réguliers avec le Bélarus » comme sur le territoire russe, a fait valoir devant des médias l’ambassadeur russe.

Devant le Conseil, Vassily Nebenzia a demandé sur quelle base l’Occident pouvait affirmer qu’il y avait plus de 100.000 militaires russes déployés aux abords de l’Ukraine, rappelant qu’avant l’invasion de l’Irak en 2003, Washington avait assuré avoir des preuves d’armes de destruction massive dans ce pays, jamais trouvées.

« Aucune intervention militaire » 

Au ton mesuré, l’ambassadeur de l’Ukraine à l’ONU, Sergiy Kyslytsya, a demandé que son pays ne « soit pas intimidé » par des mouvements militaires. « La priorité est d’arriver à un cessez-le-feu dans la région du Donbass » dans l’est de l’Ukraine, théâtre d’affrontements avec des séparatistes ukrainiens soutenus par Moscou, a-t-il dit.

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit à nouveau discuter de l’Ukraine le 17 février lors d’une réunion régulière consacrée aux Accords de Minsk visant à pacifier le Donbass.

En ouvrant la session du Conseil, Rosemary DiCarlo, secrétaire générale adjointe de l’ONU pour les Affaires politiques, avait jugé qu’il n’y avait « aucune alternative à la diplomatie » dans la crise actuelle autour de l’Ukraine. « Il ne devrait y avoir aucune intervention militaire » pour la régler, a-t-elle ajouté.

Le président Biden reçoit ce lundi son allié l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, avec qui il discutera de la sécurité gazière de l’Europe et des moyens d’«assurer la stabilité de l’offre internationale d’énergie», selon la Maison-Blanche.

Un entretien téléphonique aura lieu mardi entre les ministres russe et américain des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov et Antony Blinken, selon Moscou et Washington.

Nouvelles sanctions

États-Unis et Royaume-Uni ont brandi dimanche la menace de nouvelles sanctions contre la Russie. Londres a indiqué vouloir cibler les intérêts russes « qui intéressent directement le Kremlin ». Moscou a répondu lundi en accusant les autorités britanniques de préparer ainsi une « attaque » contre les entreprises russes, promettant une « riposte » le cas échéant.

À Washington, des élus ont affirmé que le Congrès était proche d’un accord sur un projet de loi prévoyant de nouvelles sanctions économiques contre la Russie.

Parmi l’arsenal de sanctions évoquées, le Royaume-Uni comme les États-Unis envisagent de cibler le gazoduc stratégique Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne, ou l’accès des Russes aux transactions en dollars, monnaie reine dans les échanges internationaux.

Moscou est accusé depuis fin 2021 d’avoir massé jusqu’à 100 000 soldats à la frontière ukrainienne en vue d’une attaque. La Russie nie tout projet en ce sens, tout en réclamant des garanties écrites pour sa sécurité, dont le rejet d’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan et la fin du renforcement militaire de l’Alliance atlantique à l’Est.

Cette demande clé a été rejetée par les États-Unis dans une réponse écrite à Moscou. Le Kremlin a indiqué réfléchir à sa réaction.

Déployer des troupes

Plusieurs pays occidentaux ont annoncé ces derniers jours l’envoi de nouveaux contingents en Europe orientale.

Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, va proposer cette semaine à l’OTAN un déploiement de troupes pour répondre à la montée de « l’hostilité russe » envers l’Ukraine.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, son homologue allemande, Annalena Baerbock, ainsi que le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, sont attendus de leur côté cette semaine à Kiev.

La ministre canadienne de la Défense, Anita Anand, dont le pays fournit une assistance militaire à l’Ukraine, y est arrivée dimanche pour une visite de deux jours. Elle a annoncé le déplacement des troupes militaires canadiennes vers l’ouest de l’Ukraine.

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