L’échec des pourparlers de paix entre Kiev et les séparatistes prorussses à Minsk laisse craindre l’intensification des combats meurtriers dans l’est de l’Ukraine où dix-neuf personnes ont péri en 24 heures.
Des combats de plus en plus violents opposent l’armée ukrainienne et les rebelles prorusses autour de Debaltseve, une ville stratégique sur la route reliant les deux capitales séparatistes de Donetsk et de Lougansk. (Photos : AFP)
« Le processus de paix est en danger », a écrit dimanche le conseiller diplomatique de la présidence ukrainienne Valeri Tchaly sur sa page Facebook.
Alors que les bilans de morts atteignent des nombres à deux chiffres depuis plusieurs jours – treize soldats et six civils au cours des dernières 24 heures – , les pourparlers de paix samedi n’ont débouché sur aucun accord de cessez-le-feu qu’espéraient tant les médiateurs internationaux.
L’OSCE qui participe à ces pourparlers, de même que la Russie, a accusé dimanche les rebelles de vouloir réviser les accords de paix signés dans la capitale bélarusse en septembre et reconnus par la communauté internationale comme la base du règlement.
Les émissaires rebelles « n’étaient pas prêts à discuter de la mise en oeuvre d’un cessez-le-feu et du retrait des armes lourdes. A la place ils ont appelé à la révision » des accords de septembre, a déploré l’OSCE dans un communiqué. Avant le début de la rencontre à Minsk, l’OSCE avait dit espérer la signature d’un « accord de cessez-le-feu contraignant ».
L’ex-président ukrainien Léonid Koutchma a également accusé dès samedi soir les séparatistes de saper le processus de paix en « refusant de discuter des mesures pour un cessez-le-feu immédiat ». L’émissaire de la république autoproclamée de Donetsk Denis Pouchiline a pour sa part reproché à Kiev samedi d' »insister sur la ligne de partage établie en septembre » alors que les séparatistes ont considérablement gagné du terrain depuis.
Plus tôt, les séparatistes avaient menacé, en cas d’échec des négociations, d’élargir leur offensive « jusqu’à la libération totale des régions de Donetsk et de Lougansk », dont une grande partie est toujours contrôlée par le gouvernement de Kiev.
La Russie a réagi avec prudence. « Il est trop tôt pour apprécier le résultat de ces pourparlers », a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov à l’agence Interfax. Accusée d’armer la rébellion dans l’est de l’Ukraine et d’y avoir déployé des troupes, la Russie dément toute implication dans le conflit qui a fait plus de 5 000 morts en neuf mois.
> Nouvelles victimes civiles
Sur le terrain, au moins six civils ont été tués au cours des dernières 24 heures dans l’est de l’Ukraine, selon des bilans établis par Kiev et les autorités rebelles. Le gouverneur loyal à Kiev de la région de Lougansk, Guennadi Moskal, a fait état dimanche de la mort de trois civils dans différentes villes situées sur la ligne de front de sa région.
Deux soldats ukrainiens ont en outre été tués par des tirs d’artillerie à Chtchastia, une ville située à 20 kilomètres au nord de la capitale rebelle de Lougansk, selon la même source. A Donetsk, fief des séparatistes, trois civils ont été tués et 19 blessés dans la nuit de samedi à dimanche, ont annoncé les autorités rebelles.
Un journaliste de l’AFP a pu constater de nombreuses traces de tirs d’artillerie à Makiïvka, une ville des faubourgs est de Donetsk où une femme a été tuée et son mari blessée, selon un témoin. L’armée ukrainienne a en outre fait état de violents bombardements contre ses positions tout le long de la ligne de front.
Des combats de plus en plus violents opposent l’armée ukrainienne et les rebelles prorusses autour de Debaltseve, une ville stratégique sur la route reliant les deux capitales séparatistes de Donetsk et de Lougansk.
Un millier de personnes ont été évacuées ces derniers jours de Debaltseve, une ville de 25 000 habitants qui est, selon le chef de la police régionale, « privée d’électricité, d’eau, de chauffage et de communications ».
AFP