L’Ukraine observe une journée de deuil jeudi après la mort d’au moins 32 mineurs dans un coup de grisou dans une mine de charbon de l’Est séparatiste pro-russe, où le nombre d’attaques rebelles augmente malgré la trêve.
La mine Zassiadko à Donetsk. (Photo : AFP)
Le coup de grisou est survenu la veille dans la mine Zassiadko, tristement célèbre pour ses incidents meurtriers et qui est située en banlieue du fief rebelle de Donetsk, à quelque kilomètre de la ligne de front. Après une nuit de recherche, le bilan de 32 morts a été confirmé. « Les corps de 32 mineurs ont été retrouvés » et un mineur est toujours porté disparu, a indiqué le « ministère » séparatiste des Situations d’urgence. Les secouristes remontent les corps à la surface où l’on a commencé à procéder à leur identification, a précisé l’organisme dans un communiqué.
« Quatorze corps ont déjà été remontés dont sept déjà identifiés », a ajouté l’administration régionale de Donetsk, pro-Kiev, qui a également confirmé jeudi la mort de 32 mineurs. Le président ukrainien Petro Porochenko a décrété une journée de deuil dans le pays où les drapeaux nationaux ont été mis en berne sur les bâtiments publics et les médias audiovisuels ont exclu de l’antenne les programmes de divertissement. A la mine, l’accès restait bouclé par les rebelles armés, mais les mineurs ont repris le travail, déposés par des bus de la mine, ont constaté des journalistes. Des mineurs ont refusé de parler aux journalistes, alors qu’un responsable de la sécurité de la mine interrogé sur les circonstances de l’incident a dit ne rien savoir.
> Non-respect des règles de sécurité
« Tout ça arrive parce que c’est le bordel. La direction vole tout, et ce sont les mineurs qui en paient le prix », a lancé, les larmes aux yeux, une femme dont l’époux a été tué dans le coup de grisou. « Le régime de travail n’est pas respecté, ils travaillent huit heures au lieu de six. Les normes de sécurité ne sont pas respectées. On leur demande sans arrêt d’extraire toujours plus pour avoir des chiffres ronds pour les résultats ! », a déclaré cette femme, qui a refusé de donner son nom.
Le parquet ukrainien a annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête pour « violation des règles de sécurité » à la suite de ce drame tout en reconnaissant que l’instruction était « de facto » impossible sur le terrain, faute d’accès pour les enquêteurs ukrainiens à cette mine située dans la zone sous contrôle rebelle. Encore en activité malgré la guerre, la mine Zassiadko est l’une des plus grandes d’Ukraine avec ses 10 000 employés, mais aussi une des plus dangereuses avec de fréquents coups de grisou. Sa direction a son siège sur le territoire contrôlé par Kiev.
En novembre et décembre 2007, une série d’explosions avaient fait au total 106 morts dans cette mine. Cinquante-cinq « gueules noires » y avaient également été tuées dans un coup de grisou en 2001, et 50 autres en 1999. Cette mine est contrôlée par le député ukrainien Ioukhim Zviaguilski, ancien allié du président prorusse Viktor Ianoukovitch, destitué en février 2014 après plusieurs mois d’un mouvement de contestation proeuropéen à Kiev, réprimé dans le sang.
L’explosion dans cette mine du quartier Kievski, situé à proximité de l’aéroport de Donetsk, théâtre d’intenses combats depuis mai, jusqu’à sa reprise par les rebelles en janvier, n’a cependant aucun lien avec le conflit armé de presque onze mois qui a fait plus de 6 000 morts. Le nombre d’attaques rebelles sur les positions ukrainiennes a augmenté de 12 à 40 en 24 heures, ont annoncé jeudi les autorités ukrainiennes, faisant état d’un soldat tué et d’un blessé. Kiev a néanmoins assuré poursuivre le retrait de ses armes lourdes de la ligne du front. L’armée a annoncé que les Ukrainiens prévoyaient de commencer jeudi à retirer leurs lance-roquette multiples Grad.
AFP