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UE : la Commission rejette le budget italien


Les responsables Italiens se voient dans l'obligation de revoir la copie du budget national d'ici trois semaines (Photo : AP).

La Commission européenne a durci mardi son bras de fer avec la coalition populiste au pouvoir en Italie en rejetant son projet de budget 2019, une première dans l’histoire de l’UE, a-t-on appris auprès d’une source européenne.

Lors d’une conférence de presse mardi après-midi à Strasbourg, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, va demander à l’Italie « de réviser son budget », qui sort largement des clous, a déclaré une source. Cette décision a été prise en début d’après-midi par le collège des commissaires de l’UE, réuni dans l’enceinte du Parlement européen.

Trois semaines pour réviser la copie

Selon les règles européennes, l’Italie dispose maintenant de trois semaines pour présenter un budget révisé. Dans le cas contraire, elle se heurte à l’ouverture d’une « procédure pour déficit excessif », susceptible d’aboutir à des sanctions financières correspondant, en théorie, à 0,2% de son PIB (soit 3,4 milliards d’euros en prenant les chiffres de 2017). La marge de manoeuvre de la Commission est étroite, entre recherche de fermeté, afin d’assurer sa crédibilité, et volonté de dédramatiser, pour éviter un choc frontal avec Rome qui affolerait les marchés.

L’Italie promet des « semaines de grand dialogue »

« Dès demain, nous continuerons à expliquer cette loi de finances », a déclaré avant même l’annonce de la Commission le vice-Premier ministre italien, Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) l’un des deux partis de la coalition italienne avec la Ligue (extrême droite). « Les prochaines semaines seront des semaines de grand dialogue avec l’Europe, les marchés », a-t-il promis. « Nous écoutons tout le monde, mais nous ne revenons pas en arrière », a pour sa part prévenu le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, le patron de la Ligue, lors d’un déplacement en Roumanie. Bruxelles avait déjà pointé du doigt dans un courrier à Rome la semaine passée le dérapage budgétaire « sans précédent » de l’Italie depuis les nouvelles règles mises en place en 2013 et le risque de « non-conformité grave » de son budget avec les règles européennes.

Aucune chance d’une sortie de l’Italie de l’UE

Mais en dépit de ces critiques, le gouvernement italien avait maintenu lundi ses prévisions. Alors que le précédent gouvernement de centre gauche avait promis un déficit public de 0,8% du PIB en 2019, Rome prévoit désormais d’atteindre 2,4% l’an prochain, puis 2,1% en 2020 et 1,8% en 2021. Quant à la dette publique, actuellement à quelque 131% du PIB, soit le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce, Rome a promis de la ramener à 126,5% en 2021. En gage de sa bonne volonté, le gouvernement italien a dit qu’il respecterait à la lettre ces objectifs, sans creuser davantage le déficit ou la dette. Il a aussi réaffirmé lundi son attachement à l’UE et à la zone euro, assurant qu’il n’y avait « aucune chance » que l’Italie en sorte.

AFP