La dirigeante du parti conservateur allemand CDU et dauphine d’Angela Merkel a présenté samedi un plan pour l’Europe qui prend ses distances avec les propositions récentes du président français en matière sociale, financière et diplomatique.
« Notre Europe doit devenir plus forte » dans un monde miné par les replis protectionnistes et nationalistes, écrit Annegret Kramp-Karrenbauer dans ce texte intitulé « Bien faire l’Europe » et diffusé samedi par Welt am Sonntag.
Dans l’optique des élections européennes fin mai, « le président français Emmanuel Macron a adressé un appel aux citoyens de l’Europe il y a quelques jours, disant qu’il y avait urgence à agir. Il a raison », estime la dirigeante depuis décembre du plus grand parti d’Allemagne, l’Union chrétienne-démocrate (CDU).
Celle qu’on surnomme « AKK » partage les idées du chef de l’État français notamment sur la politique migratoire européenne et la nécessité de mieux protéger les frontières ou de tendre vers une politique de l’asile commune.
Mais la responsable, élue en décembre à la tête de la CDU et qui a de bonnes chances de succéder à Angela Merkel au pouvoir, marque sa différence sur plusieurs points.
Elle rejette ainsi la proposition française d’un salaire minimum européen et met en garde contre l’idée d’une mutualisation des dettes honnie par l’Allemagne mais promue par Emmanuel Macron pour le financement de projets d’avenir.
« Nous devons nous appuyer de manière conséquente sur un système de subsidiarité et de responsabilités propres », a-t-elle estimé.
« Le centralisme européen, l’étatisme européen, la mutualisation des dettes, l’européanisation des systèmes sociaux et du salaire minimum seraient la mauvaise voie », a-t-elle jugé.
Emmanuel Macron a lui proposé la création d’un « bouclier social » pour les Européens et évoqué dans ce contexte « une même rémunération sur le même lieu de travail et un salaire minimum européen, adapté à chaque pays ».
La responsable a aussi réclamé pour l’Europe un « siège permanent commun au Conseil de sécurité » des Nations unies, une revendication de longue date de l’Allemagne, alors que la France souhaite garder son siège. Cette proposition irrite au plus haut point Paris.
AFP/LQ