Les ministres européens de l’Intérieur se sont réunis jeudi pour un premier tour de table sur une proposition de réforme de l’asile dans l’UE, qui augure de longues et difficiles négociations tant les 27 sont divisés.
L’Allemagne, qui assure la présidence de l’UE jusqu’à la fin de l’année, espère parvenir début décembre à un accord de principe sur des « points clés » du nouveau Pacte sur la migration et l’asile, proposé en septembre par la Commission européenne. « C’est une tâche très lourde et difficile », a reconnu le ministre allemand Horst Seehofer, tout en avertissant qu’un accord était « crucial » pour l’Europe. Il espère convenir avec ses homologues d' »une feuille de route » sur cette réforme.
Pour tenter de sortir de l’impasse, cinq ans après la crise migratoire de 2015, la Commission a proposé un mécanisme de solidarité obligatoire desÉtats membres avec les pays d’arrivée de migrants (Grèce, Italie…). Les pays de l’UE qui ne veulent pas accueillir des demandeurs d’asile en cas d’afflux devront en revanche participer au renvoi des déboutés du droit d’asile depuis le pays européen où ils sont arrivés vers leur État d’origine.
Mais la proposition suscite des réticences de plusieurs pays d’Europe centrale, Hongrie en tête, hostiles à l’immigration. Et les pays en première ligne (Grèce, Espagne, Italie, Chypre et Malte) s’inquiètent d’un « déséquilibre » entre leurs obligations et la solidarité envisagée. Les discussions pourraient durer « des années », estiment plusieurs sources européennes.
La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, qui a présenté ce « pacte » le 23 septembre après une tournée des capitales et des discussions avec tous les États membres, ne s’attendait pas à ce qui quiconque soit « pleinement satisfait » de sa proposition. Elle se dit « optimiste » sur la possibilité d’arriver à un accord, entre les 27 mais aussi avec le Parlement européen, mais ne s’attend pas à ce que tout soit « finalisé » avant le premier semestre 2021.
La Suédoise a par ailleurs rejeté les critiques des ONG sur une Europe « forteresse ». « Je ne suis pas d’accord », a-t-elle déclaré. « La proposition défend clairement les droits fondamentaux, le droit à l’asile, prévoit une nouvelle législation pour éviter les refoulements (…) et une solidarité pour les migrants sauvés en mer ».
AFP/LQ